Classement général 2006

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 26 mai 2006 - 963 mots

Le Louvre, Orsay et le Centre Pompidou arrivent encore largement en tête. Les musées du Nord-Pas-de-Calais se maintiennent. Rouen, Nantes et Amiens témoignent du dynamisme des musées de province.

Sans surprise, cette année encore, le trio de tête de notre classement général est dévolu aux poids lourds des établissements publics parisiens, la palme revenant au Musée du Louvre, qui précède d’une courte tête le Musée d’Orsay et le Centre Pompidou/Musée national d’art moderne (MNAM) – remonté de la 7e place de 2004 pour avoir mieux répondu à notre questionnaire. Comment pourrait-il en être autrement, tant les budgets de ces établissements leur permettent d’assumer pleinement leurs missions d’enrichissement du patrimoine, d’accueil et de diffusion auprès du public, dans des espaces faisant l’objet de réaménagements fréquents ?
Les places suivantes et le milieu du classement sont en revanche nettement plus instructifs sur la capacité de certains musées à remplir pleinement leurs missions. Le Musée d’art moderne Lille métropole de Villeneuve-d’Ascq occupe ainsi la 4e position, une place de choix pour ce musée excentré dans l’agglomération de Lille. Si celui-ci ne compte que 119 000 visiteurs par an et se trouve, comme tous les musées de la région lilloise, fortement touché par la décrue de fréquentation post-« Lille 2004 » (-34 %), il semble compenser ce handicap par son intérêt patrimonial et par la qualité de ses expositions temporaires. Fermé pour travaux d’agrandissement jusqu’en 2008, il pourrait encore améliorer ses performances grâce à la création de nouveaux espaces d’accueil, à l’agrandissement de ses salles d’exposition et à l’ouverture d’un centre de recherche. Maillée par un réseau très dense de musées, la Région Nord-Pas-de-Calais s’illustre brillamment dans ce classement grâce à plusieurs établissements : le très attractif Musée d’art et d’industrie–La Piscine de Roubaix (qui grimpe de la 11e à la 5e place), le Palais des beaux-arts de Lille, qui, des limbes du classement 2004, remonte à une 10e place méritée pour ce fleuron du patrimoine muséographique français. Sont aussi bien représentés le nouveau Musée Matisse du Cateau-Cambrésis (23e) et le Musée de la Chartreuse de Douai (25e), qui a bénéficié d’une remarquable politique d’acquisitions en 2005. Reste à savoir si cette indéniable vitalité des musées septentrionaux résistera à l’ouverture du Louvre-Lens, prévue en 2009.

Fidéliser le public
Les musées de province ne sont toutefois pas en reste. Ainsi à Toulouse, où les Abattoirs (11e), ouverts en 2000, font figure d’exemple, puisqu’ils sont l’un des seuls musées d’art moderne et contemporain stricto sensu à figurer dans le Top 30. « Nous avons développé une dynamique d’exposition avec un programme original, explique son directeur, Alain Mousseigne. Et nous cherchons à fidéliser notre public en lui donnant matière à réfléchir, grâce à notre service péda-
gogique. » Riche de plus de deux mille deux cents œuvres, le musée relève aussi d’un statut original : un syndicat mixte associant la Région Midi-Pyrénées et la Ville de Toulouse. Une double tutelle, qui évite parfois le rapport de force que peuvent connaître d’autres musées. C’est ainsi que le Musée des beaux-arts de Nantes crée la surprise en se hissant à la 7e place (30e en 2004). Un bilan à mettre au crédit de son ancienne directrice Corinne Diserens, dont le contrat n’a pourtant pas été reconduit il y a quelques mois par la mairie (lire le JdA no 230, 3 février 2006). Si ce musée a vu sa fréquentation progresser de près de 30 %, il attend toujours des travaux de rénovation et de mise en sécurité, réclamés à cor et cri par son ancienne directrice. D’autres musées de province occupent une belle place, tels le Musée des beaux-arts de Rouen (6e) ou le Musée de Picardie, à Amiens (8e). S’ils s’inscrivent dans la tradition des musées de beaux-arts riches de prestigieuses collections de peinture, leur attractivité provient de leur capacité à s’ouvrir à la création contemporaine, notamment grâce à une active politique de commandes publiques. Ainsi, à Rouen, Laurent Salomé, directeur du Musée des beaux-arts, a établi un partenariat actif avec le Fonds régional d’art contemporain (FRAC) Haute-Normandie, établi en périphérie de la ville, à Sotteville-lès-Rouen.
Quelques musées spécialisés tirent aussi leur épingle du jeu, comme le Musée d’Aquitaine de Bordeaux (11e), dont les collections difficiles (archéologie, histoire et ethnographie) ont été habilement scénographiées et bénéficient d’un support pédagogique important. Le Musée de l’Armée, à Paris, qui rouvre et rénove progressivement ses salles, fait lui un saut spectaculaire de la 49e à la 18e place.
Il profite toutefois de son emplacement privilégié dans la capitale et du Dôme des Invalides, passage obligé des touristes. Enfin, les châteaux-musées sont de nouveau peu représentés. La surprise provient du château de Fontainebleau (22e), pourtant très largement desservi par son éloignement
de la capitale. Mais ce brillant foyer de la Renaissance française possède plus d’un atout
que la direction des Musées de France (DMF) n’entend pas laisser en jachère.

Méthodologie

Cette enquête a été réalisée de mars à fin avril 2006, par questionnaire adressé par courrier aux conservateurs de 810 musées. Ces institutions – musées des beaux-arts, d’arts décoratifs et de sciences et techniques - ont été sélectionnés à partir de la base de données de la direction des Musées de France (DMF). Plusieurs musées privés ont également été interrogés. Le croisement des réponses nous a permis de réaliser trois classements : accueil du public/attrait-dynamisme/ enrichissement du patrimoine. Les informations non communiquées par les musées n’ont pas été prises en compte et affectent donc la note globale. Les résultats reposent sur 57 critères d’évaluation, auxquels a été attribué un coefficient de 1 à 3. Les réponses oui/non sont notées de 5 ou 10 points selon leur importance. Les questions ouvertes sont notées de 1 à 5, selon la méthode des pentiles. Cette méthode permet de rééquilibrer le rapport entre les grandes institutions et les petits musées.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°238 du 26 mai 2006, avec le titre suivant : Classement général 2006

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