Après Kahlo, l’orangerie fait redécouvrir Rivera

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 19 novembre 2013 - 457 mots

Tout en révélant un aspect peu connu de l’artiste mexicaine, le musée dévoile le travail du célèbre muraliste dont on connaît finalement peu l’œuvre.

L'histoire est curieuse. Elle, qui accorde généralement moins de place aux femmes peintres qu’à leurs artistes de compagnons, a donné la primeur à Frida Kahlo devant Diego Rivera, pourtant l’un des plus grands muralistes du continent sud-américain. L’artiste mexicaine doit sa situation exceptionnelle à deux moments importants de sa fortune critique, avant lesquels elle était absolument inconnue du grand public : la publication de la biographie de l’Américaine Hayden Herrera en 1983 qui a déclenché une série d’expositions, et son adaptation au cinéma en 2002. Diego Rivera n’a pas eu cette chance. Handicapé il est vrai par un physique ingrat, un caractère de cochon et une peinture qui, réalisée à fresque, ne voyage pas, il reste peu connu en Europe. C’est pourtant lui qui a les honneurs exclusifs de la première salle de l’exposition que leur consacre actuellement le Musée de l’Orangerie. Un choix qui dépasse le simple usage de la galanterie puisqu’il permet, selon le scénographe Hubert Le Gall à l’origine de ce parti pris audacieux – sur l’affiche, le nom de Kahlo est en revanche proposé avant celui de Rivera –, de tisser un lien entre les collections modernes du musée et son exposition temporaire. Mais ce choix rappelle surtout au public français combien Rivera fut bien meilleur peintre que Kahlo, qu’il avait assimilé à la perfection les leçons des avant-gardes européennes (celles de Cézanne, Braque et Picasso), avant de basculer dans le muralisme militant en 1922.

Une nouvelle lecture de Frida

Frida n’apparaît que dans la deuxième salle dédiée, celle-ci, au couple pour rappeller les moments clés de la légende : la rencontre des amants en 1923, l’accident de bus de Frida en 1925, l’irrésistible attraction des deux êtres en dépit de l’infidélité de Diego, etc. Leurs œuvres ne sont donc véritablement rapprochées que dans la troisième et dernière salle. Et là, miracle ! les Murales de Rivera ont fait le voyage grâce à de grandes reproductions qui permettent d’approcher à la fois leurs sujets – révolutionnaires – et leur exécution – nettement moins –, accrochage ponctué par des toiles de chevalet et des dessins préparatoires de l’artiste. Ils sont la révélation de cette exposition. Réussite d’une scénographie colorée mais néanmoins élégante, Frida et sa peinture plus légère parviennent pourtant à tenir le mur face à Rivera. La sélection des œuvres issues de la collection du Musée Dolores Olmedo au Mexique n’y est pas étrangère, qui dévoile des natures mortes et des fantaisies surréalistes relativement peu connues et très éloignées des autoportraits en souffrance de l’artiste. Ultra-connus, ces derniers ont été relégués dans une petite alcôve centrale.  C’est tant mieux.

« Frida Kahlo/Diego Rivera, L’art en fusion »,

jusqu’au 13 janvier 2014. Musée national de l’Orangerie. Ouvert tous les jours, sauf le mardi, de 9 h à 18 h. Tarifs : 10 et 7,5 €.
Commissaires : Marie-Paule Vial, directrice du Musée de l’Orangerie ; Beatrice Avanzi et Leïla Jarbouai, conservatrices au Musée d’Orsay ; Josefina GarcÁ­a, directrice des collections de Museo Dolores Olmedo à Mexico.
 www.musee-orangerie.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°663 du 1 décembre 2013, avec le titre suivant : Après Kahlo, l’orangerie fait redécouvrir Rivera

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