Agnès Bruno, du Maroc à la Bresse

L'ŒIL

Le 1 septembre 2005 - 492 mots

Le parcours d’Agnès Bruno est atypique. Aujourd’hui conservatrice en chef du Patrimoine et directrice de la Conservation départementale des musées des pays de l’Ain, elle a d’abord travaillé au Maroc, s’intéressant aux rapports entre l’architecture et la vie religieuse en menant des recherches sur des monuments abritant des ermites. Elle enseigne ensuite l’histoire de l’art à Lyon, publie en 1978 un ouvrage patrimonial et touristique sur la Dombes, avant de créer un atelier de peinture en 1983. En 1985, Agnès Bruno entre au Conseil général de l’Ain, et suggère la création d’une conservation départementale qui permettrait la mise en place d’un véritable « aménagement culturel du territoire ». Un système qui séduira par la suite trente autres départements.
Le projet d’un musée de la Bresse remonte à cette période. Agnès Bruno en suit l’évolution et
le développement depuis 1985. En 1988, la ferme des Planons et ses vingt-deux hectares de parc sont acquis par le Conseil général de l’Ain. Les bâtiments, classés monuments historiques depuis 1938, sont restaurés en 1992 et une première configuration du musée ouvre ses portes au public trois ans plus tard. L’extension inaugurée le 25 juin dernier marque donc l’aboutissement d’un projet de longue haleine.
« J’insiste sur le fait que le musée de la Bresse est un musée de société, un musée de territoire, plus qu’un écomusée », précise d’emblée la conservatrice. Labellisée « Musée de France », l’institution conserve des milliers d’objets appartenant tant à l’ethnographie qu’aux beaux-arts, aux arts populaires et aux arts décoratifs, avec notamment un superbe ensemble d’émaux bressans. Les collections – meubles, costumes, tableaux, outils… – ont été constituées au cours des vingt dernières années au gré des prêts, des dépôts ou des donations. En parcourant neuf expositions permanentes thématiques – paysages, habitat, élevage, alimentation... –, dans les différents bâtiments et dans
le parc paysager, le visiteur aura une vision très complète des spécificités, des traditions et des savoir-faire de la Bresse. Les parties anciennes ont été restructurées pour proposer des évocations fidèles aux documents d’archives (la maison chauffure en est un bel exemple, reconstitution à l’identique d’un intérieur domestique de la fin du XVIIIe siècle).
L’extension consiste en revanche en un bâtiment à l’architecture très contemporaine, offrant plus de mille mètres carrés d’exposition supplémentaires, un espace d’accueil qui répond aux besoins de tous les publics et des espaces dédiés au multimédia, aux conférences et aux expositions temporaires. Selon Agnès Bruno, celles-ci sont « un moteur pour le musée, mais aussi un moyen d’approfondir un aspect des collections ». Les expositions temporaires correspondent à la volonté de la conservatrice « d’aller au fond des choses, toujours par la qualité, et de faire du musée un lieu vivant ». En choisissant de confier la muséographie et la scénographie du nouveau bâtiment à Guy-Claude François – un habitué du monde du spectacle –, le parti pris est clair : innover, surprendre, placer le musée dans une perspective résolument ouverte sur l’avenir.

SAINT-CYR-SUR-MENTHON (01), musée de la Bresse, domaine des Planons, hameau de la Mulatière, tél. 03 85 36 31 22. À lire : le hors-série de L’Œil, 30 p., 5 euros.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°572 du 1 septembre 2005, avec le titre suivant : Agnès Bruno, du Maroc à la Bresse

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