Musées

Abou Dhabi, nouvelle vitrine du savoir-faire français ?

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 8 septembre 2006 - 483 mots

Selon nos informations, un projet de musée estampillé « France » dans l’émirat arabe
serait dans les tuyaux du ministère de la Culture.

PARIS - Alors que la Fondation Guggenheim vient de signer un accord de partenariat avec les représentants de la capitale des Émirats arabes unis (EAU) pour la construction d’une nouvelle succursale à Abou Dhabi, les musées français pourraient en faire de même dans les mois à venir. Dans un entretien récent publié par Travel and Tourism News, une publication des Émirats, le cheikh Sultan Ben Tahnoon Al-Nahyan, président de l’autorité du tourisme d’Abou Dhabi, se félicitait de la construction d’un musée Guggenheim d’une surface de 30 000 m2 par l’architecte Frank Gerhy et déclarait avoir engagé des discussions du même ordre avec le Musée du Louvre, à Paris.

Or, d’après nos informations, le Louvre ne serait pas le seul musée à être de la partie. Un projet de plus grande envergure serait en effet piloté par le ministère français de la Culture et impliquerait un groupement de grands établissements nationaux. Si l’entourage du ministre préfère, pour l’heure, rester discret sur ce projet dont l’accord n’a pas encore été finalisé, il semblerait que l’objectif soit d’y créer « un laboratoire du musée français tel qu’on peut le construire aujourd’hui sans limites foncières et financières ». Ce musée serait en effet intégralement financé par l’émirat d’Abou Dhabi, qui assumerait d’ici quelques années la gestion de cet établissement de conception exclusivement française. Un architecte français « de renom » – on pense évidemment à Jean Nouvel – construirait par ailleurs le bâtiment. Reste la douloureuse question du contenu en termes d’œuvres. À l’exemple de ce que le Louvre a entrepris avec le High Museum à Atlanta, et dont le programme débute le 14 octobre, le musée d’Abou Dhabi pourrait être alimenté par des prêts consentis dans le cadre d’expositions temporaires de longue durée.

Depuis 2004 et la disparition du Père de la nation cheikh Zayed Al-Nayan, l’émirat d’Abou Dabhi, qui détient à lui seul 85 % des ressources pétrolières des Émirats arabes unis, entend reconquérir la place de premier plan que Dubaï, le second des émirats de la fédération, lui a ravie. Prenant exemple sur le schéma de développement touristique de Dubaï, Abou Dhabi a lancé un vaste programme de développement de ses infrastructures touristiques tout en jouant la carte culturelle. 47 milliards de dollars (36,6 milliards d’euros) seront ainsi affectés en 2007 au lancement de la construction de quatre musées sur l’île Saadiyat, un vaste complexe touristico-culturel de luxe de 2 700 h, pour un investissement total de 500 milliards de dollars d’ici à 2015. La France étant le principal partenaire stratégique européen de l’émirat – où plus de deux cents sociétés françaises sont déjà installées –, nul doute que le ministère de la Culture sache trouver les mots pour faire comprendre aux professionnels des musées français l’enjeu d’une telle amitié culturelle.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°242 du 8 septembre 2006, avec le titre suivant : Abou Dhabi, nouvelle vitrine du savoir-faire français ?

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