Une vente d’art contemporain rassurante à Christie’s Paris

Par LeJournaldesArts.fr · lejournaldesarts.fr

Le 29 mai 2009 - 693 mots

PARIS [29.05.09] – La vente parisienne de printemps d’art contemporain de Christie’s a rapporté plus de 8 millions d’euros le 27 mai. Quelques bons résultats font penser que le marché de l’art contemporain a retrouvé son équilibre.

La vente d’art contemporain de printemps de Christie’s Paris, ce n’est pas celle de New York ou de Londres, ni même celle de Hong Kong, mais reste l’une des ventes les plus importantes de la scène française. A 15h, lorsque 140 personnes s’installent au sous-sol du 9 rue de Matignon, les employés de Christie’s sont encore inquiets. La crise est passée par-là et le département d’art contemporain est à la peine depuis la vente Yves Saint-Laurent. Le téléphone sonne peu, les vendeurs ne se bousculent pas et le nombre d’acheteurs se déclarant intéressés avant la vente est très limité.

La vacation commence avec 43 lots d’une collection de sculptures de François-Xavier et Claude Lalanne. Chaque lot est très disputé. Le Grand oiseau de Peter A. s’est envolé à 217 000€. La deuxième Table singe aux nénuphars proposée a été adjugée à 349 000 euros, plus du double de la première. Le record pour cette collection a été atteint par La dame blanche, une monumentale chouette en marbre réalisée par François-Xavier Lalanne en 2005, qui avec 409 000 euros a doublé son estimation. La vente de la collection Lalanne rapporte à elle-seule 3,5 millions d’euros. Les employés de Christie’s retrouvent le sourire. C’était l’estimation basse pour l’ensemble de la vacation.

Une fois la dispersion de cette collection terminée, les premiers rangs se vident peu à peu. Dans le dernier tiers de la vente, on ne compte plus qu’une vingtaine de personnes en salle, mais les téléphones restent actifs. Les œuvres d’art moderne et contemporain se succèdent en dépassant rarement les 50 000 euros. Les artistes français sont sur-représentés. C’est un véritable défilé de Raysse, Klein, Morellet, César, Othoniel, Jacquet, Mathieu, Atlan, Helion ou Fautrier. Arman, Buren et Combas resteront invendus. Quelques-uns réalisent cependant de beaux scores. Ainsi, Le banc (1989) de Nikki de Saint Phalle est parti pour 553 000 euros, plus de dix fois son estimation. Elément historié (1974) de Jean Dubuffet s’est vendu 277 000 euros et le pot rouge géant de Jean-Pierre Raynaud qui accueillait les enchérisseurs à l’entrée de l’immeuble a été adjugé 187 000€. Un Zao Wou-Ki intitulé 5.10.93 s’est vendu 181 000 euros, loin du record de 885 000€ établi pour cet artiste parisien trois jours plus tôt à Hong Kong.

Le clou de la vente était un portrait violet de Yves Saint-Laurent par Andy Warhol. Lorsque la toile est mise aux enchères, les employés se crispent. L’œuvre devrait être ravalée, trop peu d’acheteurs potentiels s’étant manifestés. Lorsque la dernière enchère dans la salle s’élève à 260 000 euros, bien en-dessous de son estimation basse, François de Ricqlès s’apprête à taper le marteau. Un frisson parcourt l’assemblée, le « top lot » va rester invendu. Le commissaire-priseur répète inlassablement « 260 000, c’est bien vu ? c’est bien vu ? ». In extremis une main se lève, l’enchère repart. Un enchérisseur dans la salle et deux ou trois par téléphone se font concurrence. A 420 000, les employés s’agitent : « c’est bon, ça passe » murmurent-ils. Le prix de réserve a dû être dépassé. Mais l’enchère ne s’arrête pas là. Elle finira sa course à 745 000 € commissions incluses. Les bureaux de Paris pourront fièrement appeler ceux de New York pour leur dire « nous aussi on peut vendre des œuvres à un million de dollars ! ».

Au total la mise en vente des 206 lots rapporte plus de 8 millions d’euros, malgré 25% d’invendus. C’est évidemment nettement moins bien que les 14,4 millions de la même vente en mai 2008 en pleine période d’euphorie.

La chute des prix de l’art contemporain depuis huit mois semble s’être stoppée. Les maisons de vente ont enfin adapté leur stratégie au nouveau contexte économique en baissant leurs estimations. Le département d’art contemporain fait même mieux que celui d’art impressionniste pour la deuxième fois de son histoire chez Christie’s Paris. La vente d’art impressionniste ayant rapporté seulement 5,3 millions la semaine dernière.

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