Un artiste contemporain russe interdit d’exposition au Louvre

Des tableaux de l’artiste russe Avdei Ter Oganian, qui devaient figurer dans l’exposition « Contrepoint russe » au Musée du Louvre à partir du 14 octobre, ont été interdits de sortie par le gouvernement russe.

L’artiste avait déjà risqué la prison en 1998 pour une performance dans laquelle il détruisait des reproductions d’icônes traditionnelles, dénonçant ainsi l’idolâtrie russe. Poursuivi pour incitation à la haine et atteinte à la dignité humaine, il avait dû alors trouver refuge en République tchèque. Le puritanisme orthodoxe a pris depuis plusieurs années un tour nauséabond en Russie. Voilà quatre ans, le galeriste Marat Guelman avait été tabassé par un groupe de nationalistes religieux.

Le Louvre n’en a pas moins programmé une exposition sur la Sainte Russie, peu innocente dans le climat actuel. Le contrepoint contemporain promettait du coup une respiration dans cette Année russe.

Pour être politiques, les tableaux choisis par la conservatrice rattachée au Louvre, Marie-Laure Bernadac, ne présentent aucun aspect religieux. Ils ont même été exposés par la Fondation Marat Guelman lors de la deuxième Biennale de Moscou en 2005.

Dans une lettre ouverte publiée le 26 septembre sur Internet, Avdei Ter Oganian déclare avoir d’abord songé à envoyer de nouvelles œuvres à Paris, avant de laisser finalement tomber cette idée. Certains artistes de « Contrepoint » menacent déjà de boycotter l’événement. Trois ans après avoir frappé l’exposition « Sots Art » à la Maison Rouge, la censure russe est toujours d’actualité.