Justice

Bill Pallot aurait livré des aveux partiels

Par Vincent Noce · lejournaldesarts.fr

Le 10 juin 2016 - 439 mots

PONTOISE

PONTOISE [10.06.16] - L’expert de la galerie Aaron aurait admis devant la juge, la fabrication de deux fausses chaises, revendues par la galerie Kraemer pour deux millions d’euros. L’instruction porte sur des faits d’escroquerie en bande organisée et possible blanchiment.

Bill Pallot, expert de la galerie Aaron, a reconnu devant la juge d’instruction de Pontoise le jeudi 9 juin avoir fait fabriquer deux copies de la chaise conservée au château de Versailles provenant du pavillon du Belvédère, au Trianon. Selon nos informations, il a présenté ce geste comme un jeu intellectuel, un moyen de défier les autorités du marché et de Versailles, qui n’y ont vu que du feu.

La reine avait commandé aux débuts des années 1780 huit fauteuils et huit chaises à François II Foliot pour ce pavillon, dont une seule est toujours aujourd’hui conservée à Versailles. La paire de copies émanant de Bill Pallot a été proposée en 2013 par la galerie Kraemer au château de Versailles, où le conservateur du mobilier, Gérard Mabille, a proposé de les acquérir et de les classer trésor national. Le château ne les a finalement pas achetées, notamment en raison du prix jugé trop élevé. Mais la galerie Kraemer les a vendues pour deux millions d’euros à un collectionneur étranger, qui a requis l’anonymat. Avertie des doutes sur leur authenticité, la galerie les a reprises et a remboursé son client fin 2015, selon des informations qui nous ont été confirmées par les deux parties.

Vendredi, le parquet a précisé au Journal des Arts que les deux hommes ont été mis en examen pour escroquerie en bande organisée et éventuel blanchiment. Ces charges particulièrement lourdes motivent aux yeux de la Justice la mise en détention de Bill Pallot, afin d’éviter des concertations avec d’autres protagonistes de l’affaire. Car, selon les explications données par ce dernier, il y aurait bien eu depuis des années un trafic de mobilier XVIIIe beaucoup plus important, qui aurait été selon lui monté par des ateliers de restauration parisiens et impliquant d’autres marchands. Il nie cependant y avoir participé, assurant ne s’être livré qu’à ce seul montage autour des chaises Foliot, par goût du jeu. Son avocat, Me Emmanuel Pierrat, s’est de nouveau refusé à tout commentaire, réservant ses explications pour la semaine prochaine.

Laurent Kraemer pour sa part, qui a été laissé en liberté sous contrôle judiciaire, a proclamé sa bonne foi, en assurant que si les chaises étaient des contrefaçons elles seraient « l’oeuvre des meilleurs artisans du monde ». Une remarque qui ne plaide en tout cas pas pour la lucidité d’une des galeries les plus réputées, et les plus chères, du mobilier XVIIIe.

Légende photo

La statue de la Justice à Bruges, Belgique © Photo Emmanuel Huybrechts - 2008 - Licence CC BY-SA 3.0

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