Justice

Le torchon brûle entre les deux sociétés gérant des bases de données d’œuvres volées

Par Julie Paulais · lejournaldesarts.fr

Le 28 janvier 2016 - 529 mots

LONDRES (ROYAUME-UNI) [28.01.16] – Art Recovery Group, une base de données sur les œuvres d’art disparues et volées créée en 2015, a déposé plainte auprès de l’Autorité de la concurrence et des marchés britannique contre sa rivale Art Loss Register, dominant le marché depuis 1991.

Dernier rebondissement dans la bataille juridique entre Art Loss Register (ALR) et Art Recovery Group (ARG), deux bases de données répertoriant les œuvres d’art volées : Christopher Marinello, fondateur de l’ARG, a saisi l’Autorité de la concurrence et des marchés pour concurrence déloyale, révèle The Art Newspaper.

Jusqu’en 2013, Art Loss Register était la seule entreprise privée spécialisée dans le partage d’informations sur les œuvres d’art disparues ou volées depuis sa création en 1991. Christopher Marinello, directeur juridique d’ALR entre 2006 et 2013, a démissionné pour fonder une entreprise concurrente, Art Recovery Group, dont la base de données a été lancée l’année dernière. S’en est suivi plusieurs passages devant la High Court britannique.

La lettre d’Art Recovery Group à l'Autorité de la concurrence accuse Art Loss Register de « violations systématiques de la loi sur la concurrence », citant sept exemples de « comportement abusif ». Selon la lettre, ALR « met en œuvre un plan persistant, généralisé et systématique pour éliminer ARG du marché ».

Art Recovery Group fait notamment référence à des « poursuites vexatoires », à savoir la réclamation civile déposée par ALR à la High Court en juillet 2015. James Ratcliffe, directeur de l’Art Loss Register, soupçonne son ancien directeur juridique d’être parti avec des informations confidentielles pour créer sa propre base de données. La réclamation accusait Christopher Marinello de rupture de contrat, violation de confiance et de « violation des droits de base de données », et exigeait la remise de toutes les informations confidentielles lui appartenant.

Christopher Marinello a formulé une demande reconventionnelle en novembre, dans laquelle « chaque allégation contenue dans les détails de la réclamation est réfutée ». Il a déclaré qu’ALR sait exactement l'étendue des informations en sa possession, car elles ont été obtenues ouvertement, conformément à un accord signé par Julian Radcliffe en 2012. Une réponse et la défense subséquente a été déposée par ALR en décembre, l’entreprise niant également toutes les allégations.

La concurrence est féroce entre les deux entreprises qui se partagent le marché. Les bases de données des œuvres volées gagnent beaucoup d’argent grâce aux abonnements des maisons de ventes, marchands d'art, musées, assureurs, particuliers et autres organisations commerciales pour vérifier la provenance des œuvres qu'ils proposent à la vente.

Art Loss Register compte parmi ses abonnés 90 maisons de ventes, y compris Sotheby’s et Christie’s. Son directeur James Ratcliffe a toujours été sceptique concernant la multiplication des bases de données, un phénomène contraire à l’intérêt du marché selon lui. Cependant il y a eu des critiques sur la qualité des informations disponibles dans la base de données ALR, et quand Christopher Marinello a lancé sa propre base en 2015, cette dernière a été accueillie favorablement par le milieu.

L'autorité de la concurrence n’a pas encore décidé si elle allait enquêter sur la plainte d’Art Recovery Group ou non, mais cette bataille entre les deux entreprises rivales est loin d’être terminée.

Légende photo

Cette photo publiée par Art Recovery montre Christopher Marinello, avocat représentant les héritiers de Paul Rosenberg, posant à côté de la Femme assise d'Henri Matisse, oeuvre de la collecttion Gurlitt restituée à la famille Rosenberg, le 15 mai 2015 à Munich, Allemagne. AFP PHOTO / ART RECOVERY / WOLF HEIDER-SAWALL

Thématiques

Tous les articles dans Actualités

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque