Stéphane Bern : « Le patrimoine, c'est le pétrole de demain »

Par Sarah Belmont · lejournaldesarts.fr

Le 18 septembre 2015 - 559 mots

PARIS [18.09.15] - L'animateur féru d'histoire lance une émission qui révèle son amour pour le patrimoine français. Il fait restaurer en ce moment un ancien collège militaire en Eure-et-Loire.

On connaît votre passion pour l'histoire. Aujourd'hui vous lancez Sauvons nos trésors, une émission consacrée au patrimoine. Peut-on aimer l'un sans s'intéresser à l'autre ?
Impossible, parce que l'histoire ne prend consistance que dans un lieu. Le patrimoine est un lien social incroyable : il touche à l'histoire, mais il nous permet aussi de toucher l'histoire. C'est du bâti. Des associations se créent pour le sauver. C'est le pétrole de demain, un vrai moteur économique quand on prend la peine de l'exploiter.

Votre émission a-t-elle pour vocation de réveiller l'intérêt des Français pour leur patrimoine ou bien de le renforcer ?
Il y a danger : faute de subventions et de revenus suffisants, on est retombé dans les errements du passé. Difficile d'entretenir son patrimoine avec un salaire de 1 500-2 000 euros. Les particuliers vendent. Et on ne peut plus compter sur l'État pour racheter.

Comment entendez-vous sauver le patrimoine ? 
En en parlant. J'ai remarqué que le taux de fréquentation des monuments présentés dans mon émission Secrets d'Histoire augmentait de 30 %. Sauvons nos trésors invite les téléspectateurs à envoyer des dons aux associations, et à voter pour le monument qui les a le plus touchés. Quatre sur neuf se verront récompensés à la fin.

Ce système participatif rappelle l'émission Chefs-d'oeuvre en péril, qui a fini par mettre l'accent sur les sauveteurs plus que sur les monuments en soi. Qu'en sera-t-il de Sauvons nos trésors ?
De la même manière, il s'agira de brosser le portrait d'individus dévoués au patrimoine. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, la majorité de ces passionnés sont des jeunes de dix-huit, vingt ans, qui n'ont pas le bac mais une véritable expertise. Je le vois bien sur le chantier du collège militaire que je restaure actuellement dans l'Eure-et-Loir. Mon charpentier, Cédric, a quitté femme et enfants pendant six mois pour diriger les travaux. Je le surprenais encore à l'ouvrage, le week-end, avec ses apprentis.

Restaurez-vous cet édifice à l'identique ou en y apportant une touche personnelle ?
À l'identique. Il faut beaucoup d'humilité face au patrimoine. Chacune de mes charpentes sont chevillées en bois naturel, et devraient ainsi tenir près de trois siècles.

Vous avez confié le jardin à Louis Benech, paysagiste du Château de Versailles, où vous avez été vous-même hôte dans votre adolescence. Est-ce le site que vous connaissez le mieux en France ?
Autant prendre le meilleur, d'autant qu'il s'agit d'un ami. Versailles, c'est effectivement un des lieux que je connais le mieux. Il faudrait en limiter l'accès à quatre millions de visiteurs, et non à dix millions. Ce n'est pas Disneyland ! On pourrait envisager des visites virtuelles, à thème. Sans compter le projet terrifiant de climatiser le château ! Je ne suis pas pour tout fossiliser, mais pour trouver une solution.

Un mot sur les Journées du Patrimoine ? Y a-t-il un monument que vous rêvez encore de visiter ?
Je trouve ça formidable d'inviter les gens à redécouvrir leurs trésors. C'est important de montrer le patrimoine, cet héritage du passé dont on est tous collectivement responsables. Pour ma part, il me reste plein d'endroits à découvrir, telle la forteresse de Carcassonne, ainsi qu'une pléthore d'églises bretonnes.

Légende photo

Stéphane Bern © Photo Jwh - 2012 - Licence CC BY-SA 3.0 

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