La courtière Glafira Rosales plaide finalement coupable dans l’affaire des faux tableaux de la galerie Knoedler

Par Alexandra Houël · lejournaldesarts.fr

Le 18 septembre 2013 - 563 mots

NEW YORK (ETATS-UNIS) [18.09.13] – La courtière Glafira Rosales, suspectée d’être au centre d’une large entreprise de contrefaçons de tableaux, qui a généré plus de 80 millions de dollars, plaide finalement coupable dans le procès, pour fraude, blanchiment d’argent et évasion fiscale, qui a été engagé contre elle.

Nier les faits devant les preuves accablantes dont disposait la justice n’était plus tenable. Glafira Rosales, la suspecte principale dans l’affaire des contrefaçons de tableaux de maîtres de l’abstraction dont l’ampleur a déchaîné les passions, a changé sa position et décidé de plaider coupable lors de sa dernière audience lundi 16 septembre 2013.

Poursuivie pour fraude (vente de faux), blanchiment d’argent, et évasion fiscale en juillet 2013, elle avait été arrêtée deux mois plus tôt.

Elle avait notamment cédé à la galerie Knoedler une quarantaine de faux tableaux (« estampillés » entre autres Mark Rothko, Jackson Pollock, ou encore Robert Motherwell) et vendu au marchand Julian Weissmann au moins vingt-trois toiles, selon les enquêteurs. D’après le procureur, ces ventes frauduleuses lui ont permis de se constituer un butin estimé à 33,2 millions de dollars, alors que la galerie Knoedler s’est enrichie de 47 millions de dollars en écoulant ces tableaux à ses clients. Cette dernière avait brusquement fermé ses portes en 2011 après que l’effet boule de neige causé par la révélation d’un de ses collectionneurs eut fini d’achever sa réputation. Elle était implantée dans le paysage des galeries new-yorkaises depuis 165 ans.

La courtière a avoué que les faux tableaux étaient tous issus de la main d’un même homme. Il s'agirait de Qian Peichen, un immigré chinois de 73 ans, dont l’ancien compagnon de Glafira Rosales avait fait la rencontre sur un marché où il vendait des reproductions. Les trouvant très réussies, elle aurait commencé, autour de 1990, à s'approvisionner auprès de cet artiste ; lui achetant  environ 1 600 $ pièce d'après China.org.cn. Ces toiles « dans le style de » lui ont ainsi permis de proposer des tableaux « inédits » à des marchands d’art bien installés, en mettant en place divers stratagèmes pour justifier de leur origine.

Le président de la Fondation Dedalus, l’organisme qui est chargé de l’authentification des œuvres de Robert Motherwell les a dites « impressionnantes », indiquant que « celui qui a réalisé ces peintures était parfaitement bien informé du coup de main des artistes ». Une douzaine d’experts, parmi les plus renommés, auraient ainsi été floués par ces imitations.

Glafira Rosales est pour l’instant la seule personne inculpée par la justice new-yorkaise. D’après le NY Times, d’autres arrestations pourraient avoir lieu dans un futur proche, notamment celle de l’artiste imitateur et de l’ancien compagnon de la courtière, tous deux probablement en fuite.

L’avocat d’Ann Freedman, l’ancienne directrice de la galerie Knoedler qui avait acquis les faux, a précisé qu’il « avait été assuré en des termes très clairs que personne n’envisageait de la poursuivre au pénal ». Elle doit aujourd’hui faire face aux procès civils engagés par ses clients dupés.

Les activités frauduleuses engagées par la courtière sur une quinzaine d’années risquent de lui coûter très cher, puisque selon le juge, dont les propos ont été rapportés par le NY Times, elle pourrait devoir débourser en dédommagement 81 millions de dollars, en plus de la saisie de sa maison, de ses comptes bancaires et de sa collection d’art. Elle encourt en outre jusqu’à 99 ans d’emprisonnement.

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Glafira Rosales - © D.R.

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