MUSÉE

Zurich inaugure un musée du design rénové et agrandi

Par Christian Simenc · Le Journal des Arts

Le 29 mars 2018 - 746 mots

Après trois ans d’importants travaux, le bâtiment principal du plus grand musée suisse du design rouvre ses portes sur des espaces adaptés à ses vastes collections.

Zurich. C’est en grande pompe qu’a rouvert au public, le 3 mars, le Museum für Gestaltung de Zürich (MfG), institution bicéphale dont l’une des deux adresses, dite « maison-mère », s’installe aujourd’hui dans un bâtiment emblématique du centre-ville, l’ancien Kunstgewerbemuseum, autrement dit Musée des arts appliqués. Construit, en 1933, par le duo Adolf Steger et Karl Egender, ce chef-d’œuvre de style Neues Bauen – équivalent du « Bauhaus suisse » –, aujourd’hui classé, a été réhabilité de pied en cap, durant trois ans de travaux. « C’est un retour aux sources », souligne, avec fierté, Christian Brändle, directeur de l’institution, plus grand musée suisse de design et de communication visuelle. Coût de la rénovation : 17 millions de francs suisses (14,5 M€).

L’édifice loge, entre autres, un auditorium, un atelier pédagogique, des bureaux, une boutique et un café. Mais l’espace phare est, à n’en point douter, le grand hall, « un mélange entre une halle industrielle et la nef de la basilique Saint-Vital de Ravenne », dit, un brin lyrique, Christian Brändle. L’espace a retrouvé son double niveau originel et accueille désormais les expositions temporaires. Ainsi en est-il de la présentation inaugurale, qui met sous les projecteurs le trio de designers romands Atelier Oï.

« Nous possédons une collection de plus de 500 000 objets datant de 1875 jusqu’à nos jours, or le public, hormis les quelques visites dans les réserves, n’y avait jusqu’alors jamais accès sous forme d’expositions, explique le directeur. Aujourd’hui, ma volonté est de montrer ces objets, car c’est une collection d’importance internationale. » Le fonds d’affiches qui, à lui seul possède 350 000 pièces, est l’un des premiers au monde et s’exhibe, par roulement, dans un vaste hall du premier étage. Celui des « objets de designers » dénombre, lui, 25 000 pièces. Pour exhiber ces « joyaux »– environ 2 000 – issus des quatre collections du musée (design, arts graphiques, affiches et arts décoratifs) ont ainsi été créées au sous-sol deux nouvelles salles. D’un côté, « Habitat idéal » déploie sept period rooms, « rêves d’ameublement du XXe siècle » révélant « les tendances majeures du design mobilier suisse de l’ère moderne », soit de 1918 (la Réforme) à 1985 (le minimalisme). De l’autre, « Collection Hightlights » consiste en une sélection d’« objets du quotidien, qu’ils soient beaux, utiles ou insolites », mêlant graphisme, textile, packaging, mobilier et produits.

 

 

Au plus près de la collection

« Dans nos collections, indique Christian Brändle, c’est le chaos total et il y a toujours plus d’objets qui entrent. Pour donner un accès facile aux enfants ou à ceux dont le design n’est pas la préoccupation première, on s’est dit que la présentation devait être comme un “gâteau d’anniversaire” et les objets perçus comme des amis. C’est pourquoi nous les avons réunis par affinités. » Résultat : quelques vitrines, podiums et tiroirs, qui donnent un aperçu succinct de chaque domaine, avec des rapprochements parfois osés. Aussi, le visiteur aura-t-il besoin du copieux « mode d’emploi » siglé Collection Highlights, voire de l’efficace guide numérique (www.eguide.ch) développé pour l’occasion (pour 3 millions de francs suisses, soir 2,5 millions d’euros), disponible aussi bien à l’intérieur du musée que… chez soi. Dernière nouveauté : le Swiss Design Lounge, suite de petits salons cosy, meublés par les fabricants helvètes et accessibles gratuitement. « Le mobilier a ceci de contradictoire, observe Christian Brändle, lorsqu’il est exposé, qu’il change de statut, on ne peut plus le manipuler. Or, il n’est pas normal que le public ne puisse pas toucher les meubles, car là réside l’aspect sensible du design. »

Baptisé Schaudepot, le second site du Museum für Gestaltung, est installé, depuis 2014, en plein cœur du quartier branché de Zürich-Ouest, dans le Toni-Areal, ancienne plus grande usine européenne de production de yaourts. C’est une véritable caverne d’Ali Baba. Outre des salles d’expositions temporaires, on y trouve surtout les réserves, soit 3 700 m2 de rayonnages hébergeant les plus de 500 000 objets donc, visibles sur réservation via des visites guidées.

Intégré à la Zürcher Hochschule der Künste (Haute école des arts de Zürich), le Museum für Gestaltung est placé sous la houlette de la direction de l’éducation du canton de Zürich. Son coût de fonctionnement annuel s’élève à 5,8 millions de francs suisses (4,9 M€), deux-tiers provenant des subventions publiques, le reste étant généré par les ressources propres (billetterie, sponsoring, vente d’expositions itinérantes, etc.)

 

 

 

 

Museum für Gestaltung,

 

 

Ausstellungsstrasse, 60, et Pfingstweidstrasse, 96, Zürich, (Suisse), www.museum-gestaltung.ch.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°498 du 30 mars 2018, avec le titre suivant : Zurich inaugure un musée du design rénové et agrandi

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