Vogue le Getty !

Une \"croisière-conférence\" en Méditerranée

Le Journal des Arts

Le 1 octobre 1995 - 572 mots

Organisée par le Getty Institute et le Getty Museum, une \"croisière-conférence\" sur la protection des sites archéologiques du bassin méditerranéen, victimes du tropplein touristique, a associé professionnels du tourisme et responsables culturels. En attendant la mise en place d’ateliers expérimentaux sur trois ou quatre sites, l’exemple de Carthage pourrait montrer la voie à suivre.

LONDRES (de notre correspondante) - Répondant à l’appel du Getty Conservation Institute et du J. Paul Getty Museum, soixante délégués, venus de seize pays méditerranéens, ont pris part cet été à une "croisière-conférence" en mer Méditerranée, dont les actes seront publiés au mois de mai 1996.
 
Des représentants des gouvernements concernés, des archéologues et des conservateurs, mais aussi des représentants des tours-opérateurs se sont réunis dans l’espoir d’enrayer la dégradation des sites archéologiques du pourtour méditerranéen, due aux effets conjugués du développement incontrôlé du tourisme, de la croissance démographique, de la pollution et du développement économique.

En premier lieu, les intervenants ont reconnu que chaque site archéologique posait des problèmes particuliers, en fonction de différents facteurs : le nombre de visiteurs et leur parcours, la topographie, le climat, la façon dont les fouilles avaient été menées sur le site et sa taille. Les visites de Carthage (Tunisie), Piazza Armerina (Sicile), Éphèse (Turquie) et Cnossos (Crète) ont démontré que la recherche d’une solution unique, applicable à tous les sites, était illusoire, mais que l’on pouvait néanmoins envisager une approche "standardisée".

Tardive prise de conscience
Celle-ci devrait commencer par une analyse systématique du site et, avant toute mise en œuvre, par l’élaboration préalable d’un plan de sauvegarde. Dans cette optique, le Getty Conservation Institute envisage d’organiser des ateliers sur trois ou quatre sites méditerranéens, qui réuniraient tous les intervenants. Ce programme devrait commencer en 1996, dès que les sites auront été déterminés.

Selon Miguel Angel Corzo, son directeur, l’absence d’encadrement et de politique pour canaliser l’afflux de touristes est la principale cause des dommages. Toutefois, a-t-il noté, l’industrie du tourisme elle-même commence à prendre conscience de la nécessité de protéger les sites archéologiques, si elle veut continuer à bénéficier de cette manne.

Non delenda Carthago
L’urgence est devenue particulièrement sensible en 1992, lorsque des délégués de l’Association des tours-opérateurs indépendants ont visité les ruines puniques et romaines de Carthage. Le site, inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco, était dans un état déplorable et ne bénéficiait d’aucune subvention du gouvernement, en dépit de son demi-million de visiteurs annuels.

Depuis, les autorités tunisiennes, le Green Flag, un organisme britannique indépendant travaillant avec l’Office national du tourisme, et Panorama, un tour-opérateur, ont cherché ensemble à améliorer les conditions de visite. Un rapport, actuellement sous presse, prévoit la création de parcours balisés, d’un espace d’exposition dans la cour d’entrée, d’une maquette des thermes d’Antonin le Pieux, ainsi que la plantation de nouveaux arbres. Carthage pourrait alors devenir un projet exemplaire et montrer à l’industrie touristique la voie à suivre pour collaborer avec les autorités locales.

Un centre international de restauration, essentiellement financé par le Getty Conservation Institute, a ouvert ses portes à Saint-Pétersbourg, dans les bâtiments qui abritaient auparavant le Sénat et le Synode. Les responsables de l’institut américain, dont la politique est de développer de nouveaux programmes et des techniques de conservation avec les équipes locales, sont particulièrement inquiets de l’état des bibliothèques, des archives et des réserves des musées russes. Le délabrement avancé des édifices de Saint-Pétersbourg pourrait également constituer un domaine d’intervention de l’institut, qui recherche le soutien d’autres fondations et associations.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°18 du 1 octobre 1995, avec le titre suivant : Vogue le Getty !

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