Site archéologique

Vesunna emballée par Nouvel

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 23 janvier 2004 - 641 mots

Pour protéger le site gallo-romain de Périgueux et le transformer en musée, Jean Nouvel a imaginé une architecture à la fois discrète et puissante.

 PÉRIGUEUX - Fondée en l’an 16 avant notre ère, Vésone, l’antique Périgueux, a livré de nombreux trésors gallo-romains, notamment les vestiges d’une vaste domus ornée de peintures murales. Pour protéger cet ensemble de 4 000 mètres carrés découvert en 1959 et le transformer en musée, Jean Nouvel a conçu une architecture de verre, de béton et d’acier. Inaugurée en septembre 2003, celle-ci aura coûté plus de 9 millions d’euros. L’architecte avait pour consigne de recouvrir d’une grande toiture la partie centrale du site archéologique, de permettre une circulation à travers ce dernier, et de créer un espace de 1 000 m2 supplémentaires. Jean Nouvel a ainsi imaginé un bâtiment d’un seul tenant qui s’organise autour de la domus. Le cœur de la maison (jardin, péristyle et les salles qu’il dessert) est protégé par un grand préau couvert d’un toit supporté par 14 piliers. Posées sur des ossatures métalliques, des passerelles en bois naturel permettent d’apprécier les différentes parties du lieu. Les parois de verre faisant office de murs permettent, elles, d’ouvrir la perspective, de donner à voir le site depuis l’extérieur sans trop le dévoiler. Construite tout en longueur sur une bande de terrain non fouillée, la partie du bâtiment surnommée le « mur épais » qui longe le site à l’ouest abrite l’accueil, une boutique, les équipements techniques et une partie des collections permanentes. D’une surface au sol de 660 m2, ses deux niveaux sont conçus comme des mezzanines dominant les vestiges de la maison gallo-romaine. « Il y a une vraie osmose entre ce bâtiment contemporain et le site archéologique, explique la conservatrice Élisabeth Pénisson. Au début, le fait d’enfermer des vestiges si fragiles a quelque peu effrayé les conservateurs, qui redoutaient l’apparition d’algues, de champignons, de bactéries… Mais, à chacune de nos craintes, l’évolution des travaux apportait des solutions qui, non seulement respectaient, mais aussi révélaient véritablement le lieu. » L’intervention de Jean Nouvel rend, effectivement, parfaitement lisible l’organisation de cette demeure construite au Ier siècle de notre ère selon un plan classique, mais aussi les transformations qu’elle a subies. Au cours du IIe siècle, la domus fut surélevée d’environ un mètre et enrichie de deux péristyles au nord, d’un espace de bains privés (le balnéaire), de structures de chauffage par le sol (hypocauste) – une maquette à l’échelle de 1/50e offre une restitution de la maison telle qu’elle devait être à la fin du IIe siècle.
Les collections sont exposées selon deux parcours avec, dans la partie dite du « mur épais», « Ville et vie publique » (la cité et ses habitants, les grands monuments, les décors, le monde des morts, la religion, les échanges économiques), thèmes illustrés par une riche collection de pierres sculptées (éléments architecturaux, inscriptions, monuments funéraires) provenant du rempart Bas-Empire de la ville, et, pour la domus, un circuit intitulé « Maison et vie privée ». Ce dernier met en exergue les principaux éléments de la vie quotidienne dans les espaces correspondants : la toilette et la parure dans le balnéaire, l’alimentation dans la cuisine… Outre les fresques découvertes in situ, des nouveautés sont présentées, comme cette peinture aux poissons qui décore le terre-plein du jardin. Les vitrines sont également enrichies d’objets provenant de fouilles récentes à Périgueux. Avec l’imposante tour de Vésone haute de 27 mètres, les vestiges de l’amphithéâtre du Ier siècle et le rempart du Bas-Empire construit à la fin du IIIe siècle, Vesunna offre un circuit cohérent pour plonger au cœur de l’Antique.

Vesunna

Musée gallo-romain de Périgueux, parc de Vésone, 20 rue du 26e RI, 24000 Périgueux, tél. 05 53 53 00 92, tlj sauf lundi 10h-12h30 et 14h-17h30 puis jusqu’à 18h d’avril à juin et de mi-novembre à fin décembre, tlj 10h-19h en juillet-août.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°185 du 23 janvier 2004, avec le titre suivant : Vesunna emballée par Nouvel

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