Musée des beaux-arts

Valenciennes aux couleurs de la Méditerranée

Des équipements étoffés mais une surface d’exposition identique

Le Journal des Arts

Le 1 juin 1995 - 698 mots

Après quatre ans de fermeture, le Musée des beaux-arts de Valen­ciennes a rouvert ses portes, le 12 mai, sur des salles aux teintes éclatantes. Seuls les aménagements intérieurs du bâtiment construit au début du siècle ont été transformés, accordant une plus large place aux réserves ainsi qu’aux équipements administratifs, éducatifs et commerciaux. En revanche, la surface d’exposition n’a pratiquement pas augmenté. Le montant des travaux s’élève à 30 millions de francs, financés par la Ville (25 %), la Région (25 %), l’État (25 %), des fonds européens (15 %) et le Département (10 %).

VALENCIENNES - Les travaux d’aménagement du sous-sol du Musée des beaux-arts auront permis le doublement de la surface utile au profit des réserves et des espaces administratifs, ainsi que la création d’un auditorium, d’une bibliothèque, d’un cabinet de dessins et d’ateliers pédagogiques. La surface dévolue à la présentation des collections, 1 500 m2 environ au rez-de-chaussée, n’aura, elle, guère varié, même si une partie des collections d’archéologie régionale s’expose aujourd’hui au niveau inférieur. La vraie surprise de cette réouverture tient dans le choix des couleurs dont se parent désormais les salles du pompeux bâtiment de Paul Dusart, inauguré en 1909.

Tout particulièrement dans l’axe central du musée, dont les murs sont peints en vert amande. Les sculptures de Crauk, Lemaire, Desruelles, Hiolle… et une partie de l’important fonds Carpeaux baignent désormais dans une atmosphère très “fraîche”, selon l’architecte Christian Germanaz. Ugolin et ses enfants, le Triomphe de Flore, La Danse, ainsi que les nombreuses esquisses et plâtres de Jean-Baptiste Carpeaux, né à Valenciennes en 1827, trônent autour de la cage d’escalier, grillagée et recouverte de lierre, ce qui accentue l’atmosphère “jardin d’hiver” souhaitée par l’architecte.

De même, les salles de peinture sont traitées “dans des tons méditerranéens, ocre et terre cuite, qui conviennent très bien à la riche polychromie des tableaux des XVIIe et XVIIIe siècles”, comme l’affirme le conservateur en chef, Patrick Ramade. “On a toujours tendance à penser qu’un fond blanc permet aux œuvres de jouer leur rôle à plein : c’est parfaitement faux, l’œuvre ne tient pas dessus, elle s’envole. C’est pourquoi nous avons choisi des couleurs fortes et déterminées qui calent bien les œuvres”, renchérit Christian Germanaz.

Une riche section de peintures flamandes
Le Musée de Valenciennes possède un riche fonds de peintures des Écoles du Nord des XVIe et XVIIe siècles, dont le fameux triptyque du Martyre de saint Étienne de Rubens est la pièce maîtresse.

Flamands et Hollandais sont présentés dans les mêmes salles et constituent un ensemble dont le musée peut s’enorgueillir à juste titre : le Saint Jean-Baptiste et un chanoine donateur de Jan Provost et Saint Jacques et le magicien Hermogène de Jérôme Bosch et son atelier ouvrent un parcours chronologique qui voit se succéder les grands tableaux religieux de Marten de Vos, Cornelisz van Haarlem et Abraham Janssens, les natures mortes de Joachim Beuckelaer, Frans Snyders et Jacob van Es, les portraits et les paysages de Franz II Pourbus et Abraham Willaerts ou la peinture de genre de Jacob Jordaens et Jan Cossiers. La dernière acquisition, l’Arrestation du Christ de Jordaens, est actuellement dans les réserves, dans l’attente d’une restauration.

La seconde partie du musée est consacrée à la peinture française des XVIIIe et XIXe siècles, qui comprend bien sûr les œuvres des peintres de la région. Antoine Watteau, né à Valenciennes en 1684, n’est malheureusement représenté que par un petit format, la Vraie gaieté, et par un Portrait du sculpteur Antoine Pater, dont le fils, Jean-Baptiste, né à Valenciennes en 1695, a laissé deux toiles, le Concert champêtre et les Délassements de la campagne. Quatre tableaux d’Henri Harpignies, né à Valenciennes en 1819, et trois toiles de Félix Del Marle, né à Pont-sur-Sambre en 1889, clôturent le parcours des salles de peinture française qui abritent quelques “grandes ma­chines” historiques du XIXe siècle (Charles de Steuben, Félix Auvray, Alexandre Abel de Pujol…).

Prochainement, des bornes multimédias seront installées dans le musée, qui dispose aujourd’hui de deux salles d’expositions temporaires (“Châteaux et chevaliers en Hainaut au Moyen Âge”, jusqu’au 11 septembre), d’un salon de thé et d’une librairie-boutique.

Musée des beaux-arts de Valenciennes, boulevard Watteau, ouvert tous les jours sauf le mardi de 10h à 18h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°15 du 1 juin 1995, avec le titre suivant : Valenciennes aux couleurs de la Méditerranée

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