Le Musée de la chasse et de la nature, à Paris, expose sa dernière acquisition : un tableau inédit de Gustave Courbet dont le sujet sied parfaitement à cet établissement singulier.
Chantre du réalisme, Gustave Courbet (1819-1877) est aujourd’hui indissociable de ses vastes compositions qui firent parfois scandale en leur temps. Il était aussi très apprécié pour ses scènes de chasse pour lesquelles il avait une solide clientèle. Les historiens dénombrent d’ailleurs 130 tableaux appartenant à ce registre dans son corpus. Les spécialistes qui se sont longtemps désintéressés de ce pan de sa carrière le réhabilitent depuis une quinzaine d’années.
Si l’artiste a tant pratiqué ce genre, c’est parce qu’il était très populaire et donc une source de revenus plus sûre que ses œuvres plus clivantes. En outre, c’était un chasseur aguerri. Très attaché à sa Franche-Comté natale, il retourne souvent à Ornans pour travailler et chasser. Féru de cette activité, il ne manque jamais une occasion de la pratiquer y compris pendant ses voyages. Lors d’un séjour en Allemagne, il chasse ainsi le cerf et consigne les moindres détails de cette expérience.
Grand connaisseur de l’art cynégétique, Gustave Courbet choisit avec efficacité le moment clé de cette partie de chasse. C’est l’instant où le suspense est à son comble et le dénouement le plus incertain. Le peintre fait preuve ici d’un sens aigu de la narration, capturant le cerf dévalant la pente et s’élançant sur le lac gelé. On n’aperçoit aucun chasseur, seulement trois lévriers qui le coursent à toute allure en glissant sur la neige. Cette scène très animée tranche avec la production de l’époque qui était stéréotypée et décorative.
Courbet, que l’on identifie souvent à ses grands tableaux sombres, comme Un enterrement à Ornans ou L’Atelier du peintre, excelle également dans la peinture claire et lumineuse. En témoigne ce spectaculaire paysage enneigé d’une blancheur éblouissante. Amoureux de la nature, il porte un grand soin aux détails : rendu réaliste des troncs d’arbres, ainsi que les reflets sur l’eau et les oiseaux discrètement perchés dans les feuillages. Le gibier et la nature sont représentés avec la même noblesse et forment ainsi un tout harmonieux.
Ce beau tableau est à découvrir jusqu’au 31 décembre au Musée de la nature et de la chasse, face au majestueux cerf naturalisé qui orne le cabinet du loup. Premier Courbet à intégrer ce musée singulier, cette œuvre est totalement inédite puisqu’elle est restée dans la même famille depuis le début du XXe siècle. Jamais exposée ni cataloguée, elle a récemment été authentifiée par le Comité Gustave Courbet. L’acquisition d’une telle pièce conforte la place primordiale du musée dans la valorisation de l’art cynégétique.
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Une scène de chasse inédite de Courbet
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°785 du 1 mai 2025, avec le titre suivant : Une scène de chasse inédite de Courbet







