Histoire

Une « ceinture d'accouchement » ressurgit du Moyen Âge

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 10 mars 2021 - 417 mots

ROYAUME-UNI

C'est un rare témoignage sur l'accouchement au Moyen Âge : l'étude d'une « ceinture d'accouchement » de l'Angleterre du XVe siècle a révélé, preuves biologiques à l'appui, des rituels pratiqués par les femmes lors de la naissance pour se protéger de la mort.

Scène d'accouchement tirée du manuscrit Le Livre et le vraye hystoire du bon roy Alixandre, vers 1420. © British Library
Scène d'accouchement tirée du manuscrit Le Livre et le vraye hystoire du bon roy Alixandre, vers 1420.
© British Library

Il s'agit d'un parchemin en peau de mouton, très usé mais bien conservé, recouvert d'invocations et d'images dont un crucifix, qui semble avoir été touché à maintes reprises, détaille cette étude parue mercredi dans la revue Royal Society Open Science.

D'une largeur de dix centimètres et d'une longueur de plus de trois mètres, la ceinture en parchemin était, selon les chercheurs, enroulée autour du corps des femmes, placée sur leur ventre pour leur conférer une protection - comme un talisman.

Grâce à une délicate technique d'analyse biomoléculaire, une équipe de chercheurs a pu y détecter des traces de miel, de lait, d'œufs et de céréales, mais aussi de fluides vaginaux, indiquant clairement « un usage actif lors de l'accouchement », explique à l'AFP l'auteur principale, Sarah Fiddyment, de l'Institut McDonald de recherche archéologique de l'Université de Cambridge.

C'est la première fois que des chercheurs prouvent que l'objet, connu de longue date, avait été effectivement porté, pendant la grossesse et jusqu'à l'accouchement, un passage à très haut risque à l'époque - les taux de mortalité néonatale de la mère et de l'enfant se situaient entre 30 et 60  %, rappelle l'étude.

Cette découverte apporte un rare témoignage physique de « première main » sur la santé des femmes et les soins obstétricaux, à une époque où « les récits d'accouchement étaient en grande partie écrits par des hommes », a commenté le co-auteur Matthew Collins, de l'Université de Copenhague.

Son utilisation « montre que les femmes pratiquaient des rituels d'une haute précision, alliant l'incantation de la magie à la protection religieuse », selon l'étude.

Les premières sages-femmes offraient des amulettes, des pierres précieuses et des remèdes à base de plantes contenant des ingrédients similaires à ceux figurant sur la ceinture (lait, miel, etc.), et qui sont décrits dans certains manuels - preuve également que les intéressées prenaient vraiment ces traitements.

Des ceintures de parchemin, mais aussi de soie, de fer ou de peau de serpent étaient surtout utilisées par les femmes riches durant la grossesse - une fut même commandée pour l'épouse du roi Henri VII (1485-1509), selon l'étude. Elles étaient souvent louées par l'Église médiévale, avec une foule d'autres reliques et talismans prétendant offrir une protection, une pratique qui prit fin avec la Réforme anglaise au XVIe siècle.

Cet article a été publié par l'AFP le 10 mars 2021.

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