Musées

Un « musée des écrivains américains » à Chicago

Par Sarah Belmont · Le Journal des Arts

Le 10 mai 2017 - 781 mots

L’American Writers Museum, situé dans un immeuble du centre-ville, sera officiellement inauguré le 16 mai. Le JdA a découvert les lieux en avant-première.

CHICAGO - En Amérique, à chaque État son auteur. Jack Kerouac a son musée en Californie ; le couple Fitzgerald, en Alabama ; Emily Dickinson, dans le Massachusetts ; Mark Twain, dans le Connecticut… Or, il y a sept ans, Malcolm O’Hagan, un ingénieur retraité ayant fait carrière dans le district de Columbia, décide de rendre hommage à tous les écrivains américains au sein d’un même lieu, projet évalué à 9 millions de dollars (près de 8,5 millions d’euros). L’idée lui serait venue en visitant le Musée des écrivains de Dublin, lors d’un séjour en Irlande, son pays d’origine.

Pourquoi transplanter ce concept à Chicago ? « Parce que c’est une ville-destination qui a inspiré de nombreuses plumes », explique Carey Cranston, le directeur du futur « American Writers Museum » (Musée des écrivains américains). À Chicago, mais pas n’importe où à Chicago, puisque l’institution, d’une surface de plus de 1 000 mètres carrés s’installe au deuxième étage d’un immeuble situé au cœur du Loop, le centre culturel de la ville. En contrebas, Millenium Park, le haricot géant d’Anish Kapoor, la Tribune Tower… Tous ces jalons touristiques du Magnificent Mile, artère souvent comparée aux Champs-Élysées, promettent un taux de fréquentation élevé.

Place au numérique
Cet emplacement de choix au cœur de la ville se voit justifié dès l’entrée, dans une salle qui présente les auteurs chicagoans Mike Royko, Henry Blake Fuller, Jane Addams comme des « visionnaires et des trublions ». Sur chaque cimaise, un écran tactile invite le visiteur à approfondir les pistes esquissées sur les cartels. Dans le hall voisin, le « Writers Hall », une carte interactive des États-Unis signale la localisation de toutes les maisons d’écrivains américains, parmi lesquelles soixante-deux musées partenaires. L’American Writers Museum mise en effet largement sur les nouvelles technologies.

La visite se poursuit au son des marteaux-piqueurs. Les travaux touchent à leur fin. Restent cinq espaces à découvrir. La section qui suit, baptisée « Children Literature Gallery », s’adresse à un jeune public. Au mur, la représentation d’un arbre peuplé d’écureuils bibliovores annonce un riche programme de lectures et d’ateliers pour enfants.

Le premier virage mène à la projection d’un film intitulé The Nation of Writers, où défilent photos d’archives (Mark Twain devant sa maison natale dans le Missouri) et illustrations inédites, ainsi d’une étude du peintre Thomas Hart Benton pour Les Raisins de la colère de John Steinbeck. C’est le point de départ d’une étroite galerie baptisée « American Voices ». À gauche, une frise chronologique longue de vingt mètres retrace l’histoire de la littérature américaine à travers une centaine d’auteurs, dont trois experts, Ivy Wilson, Maureen Corrigan et Ilan Stavans, brossent le portrait quand on clique sur leur nom. Autant de boîtes lumineuses ont été encastrées dans le mur opposé. Chacune arbore un indice quant à son contenu, que ce soit une anecdote, un poème, ou des paroles de chanson… Une fois ouverte, « the chosen one » (l’élue), se met à clignoter.

À côté de cet accrochage permanent, un couloir est réservé aux expositions temporaires. La première, prévue pour l’inauguration, consiste en une installation végétale réalisée par le duo écolo Sayler/Morris, en hommage à William Stanley Merwin, né en 1927. « Un poète en étroite communion avec la nature », ajoute Cranston. Au bout de cette allée aux accents tropicaux, « The Word Fountain » joue sur et avec les mots. Cette cascade de lettres procède d’un texte mural, dont certains termes ou paragraphes s’allument par intermittence pour créer un sens et une image chaque fois différents.
Nouveau virage à droite pour tomber dans le « Readers Hall », plaque tournante du musée, à appréhender comme une bibliothèque, un point de rencontre ou une salle de conférences. Au milieu de cet espace polyvalent se dressent deux piliers à écran intégré. L’un enregistre les commentaires des visiteurs, sources de statistiques pour le musée ; l’autre permet de fabriquer et d’imprimer son propre marque-page.

Le dernier tronçon du parcours, « The Mind of a Writer », invite à se glisser dans la peau d’un écrivain. Devant un autel dédié à Jack Kerouac, et plus particulièrement au parchemin original de son roman Sur la route (36 mètres de long), un rouleau de papier géant engage les visiteurs à participer à la rédaction d’une histoire, dont le personnel du musée écrira tous les jours les premières lignes. À ces deux étapes « participatives » succède une série d’animations numériques dites ludiques. Il s’agit, par exemple, de retrouver l’auteur d’une citation, de forger des néologismes, ou bien encore de singer le style d’un écrivain. Le tout sur écran tactile, encore et toujours ! Ce recours permanent au virtuel encourage un retour au réel. L’American Writers Museum donne envie, une fois parcouru, de se précipiter dans la librairie la plus proche.

American writers museum
A partir du 16 mai, 180 N Michigan Avenue, Chicago, Illinois.

Légende Photo
Le American writers museum de Chicago. © AWM.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°479 du 12 mai 2017, avec le titre suivant : Un « musée des écrivains américains » à Chicago

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