Un concours pour l’école de Marne-la-Vallée

L’architecture de l’école, ou le difficile exercice de la neutralité pédagogique

Le Journal des Arts

Le 1 juin 1995 - 419 mots

Complément de la réforme de l’enseignement, un programme de construction de quatre nouvelles écoles d’architecture (Marne-la-Vallée, Compiègne, Tours et Dijon) a été lancé par le ministère de l’Équipement. Première d’entre elles à faire l’objet d’une consultation, l’école de Marne-la-Vallée sera réalisée en deux tranches successives, dont la première (prévue pour cinq cents élèves) pourrait remplacer l’école de Paris-Tolbiac dès la rentrée 1997, et la seconde (prévue pour sept cents élèves) accueillir celle de Paris-Villemin. Remportée par Bernard Tschumi, la consultation démontre paradoxalement l’éclatement de la pensée architecturale contemporaine que l’enseignement est censé rassembler.

PARIS - On pourrait attendre de l’architecture d’une école d’architecture qu’elle témoigne d’une certaine neutralité esthétique. Mais la neutralité, elle, convient-elle aux architectes d’aujourd’hui ? La réponse est rien moins qu’évidente. Lauréat, Bernard Tschumi proposait d’organiser l’école autour d’un grand espace central conçu, dans la lignée de ses précédents travaux, "pour l’âge du modem et de la mobilité".

Cet espace devra être un "événement" en soi, dans l’attente d’autres événements – fêtes, débats, projections, installations d’artistes, happenings... – qui viendront y manifester la vitalité de l’école à l’intérieur de la cité Descartes, où elle partagera avec l’école des Ponts et Chaussées et la célèbre école de commerce (l’Esiee) de Dominique Perrault la constitution du futur pôle universitaire de Marne-la-Vallée.

Deux amphithéâtres, l’un suspendu formant balcon, l’autre enterré créant de grands emmarchements, animeront cet espace, autour duquel les ateliers, les salles de cours, l’administration, et toutes les autres fonctions de l’école prendront place sur plusieurs niveaux.

Pour Bernard Khon, arrivé second, l’accent était mis sur le dialogue avec les écoles voisines. Largement ouvert sur l’extérieur, le projet offrait au sud un espace susceptible d’accueillir des manifestations publiques. On peut cependant penser que celui-ci serait resté relativement peu fréquenté, les autres étudiants de la cité Descartes ne partageant sans doute pas au même point ce sympathique souci d’interdisciplinarité.

Troisième du concours pour avoir – peut-être – trop vivement contesté la réduction progressive des crédits alloués à la construction de l’école (pas plus de six mille huit cents francs hors taxes par m2), Christian de Portzamparc optait pour une solution intermédiaire : l’école devait être un lieu simultanément protecteur et ouvert sur l’extérieur. Trois "îles" bâties, abritant les studios de travail, délimitaient trois espaces vides et offraient trois expériences architecturales distinctes, avec pour constante la générosité spatiale habituelle de l’architecte.

C’est donc à un parcours pédagogique témoignant de la liberté stylistique contemporaine qu’invitait le projet, même si celui-ci reflétait, là aussi, la vision très personnelle qu’en donne régulièrement l’architecte.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°15 du 1 juin 1995, avec le titre suivant : Un concours pour l’école de Marne-la-Vallée

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