Pays-Bas

Un code pour conserver et restaurer l’art contemporain

Le Journal des Arts

Le 1 mai 1994 - 444 mots

Une équipe de treize conservateurs et restaurateurs représentant plusieurs musées, l’Office des beaux-arts de la Haye et le Laboratoire central d’Amsterdam, a l’intention d’établir un code de procédure pour la conservation et la restauration des œuvres d’art moderne réalisées avec des matières non traditionnelles.

LA HAYE - Le nombre d’œuvres postérieures à 1950 en attente de traitement croît dans des proportions alarmantes. Le groupe de spécialistes, fondé en 1993 à l’initiative du Musée Kröller-Müller d’Otterloo, demande aujourd’hui des fonds à la fondation Mondrian pour mettre sur pied une organisation spécialement consacrée à ce problème ; cette organisation prendrait en charge la formulation d’un code de procédure pratique pour la conservation et la restauration des œuvres d’art moderne. Il s’agit de lancer des recherches sur le processus de vieillissement des matières synthétiques, et de promouvoir la coopération internationale dans ce domaine, en établissant une banque de données sur les méthodes de travail d’artistes particuliers, sur les matières qu’ils emploient et sur les expériences de chaque institution à propos de la conservation et de la restauration de leurs œuvres. La diversité des matières employées depuis 1950 est extraordinaire : polystyrènes de toutes sortes, plastique, caoutchouc mousse, tissus, cire et même chocolat. Beaucoup d’œuvres ont un besoin urgent de traitements de conservation.

Restaurer l’art contemporain
Marianne Brouwer, conservatrice de la sculpture au Musée Kröller-Müller et cofondatrice du "groupe des 13", s’inquiète d’une situation que Monsieur  Knopper, restaurateur du musée, illustre ainsi : "Il existe, par exemple, des centaines de variétés de polyester, plusieurs d’entre elles étant préparées et mélangées par les artistes eux-mêmes. Dans une même œuvre d’art, on peut rencontrer plusieurs types de mélanges. Il est difficile d’établir comment ils ont été composés ; dans bien des cas, les fabricants n’existent plus." Les matières traditionnelles comme la peinture à l’huile et le bronze ont fait l’objet de recherches exhaustives, de sorte qu’un restaurateur peut avoir une idée précise sur la façon dont ces matières ont été employées par les artistes à différentes périodes.

On sait parfaitement, aujourd’hui, comment ces matières vieillissent et se dégradent, et comment l’on peut stopper ou freiner cette dégradation. Le "groupe des 13" milite pour une approche de même ampleur sur le comportement des matières utilisées depuis 1950, date à laquelle les artistes ont commencé à se servir de matières synthétiques. Il n’existe actuellement aucun cours spécialisé pour les restaurateurs en art moderne. Selon Marianne Brouwer, ce domaine a été négligé parce que les musées se sont contentés jusque là de renvoyer les œuvres à leurs auteurs, afin qu’ils effectuent eux-mêmes le traitement approprié. L’un des principaux objectifs de l’organisation devrait être aussi de mettre sur pied ce genre de cours spécialisés.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°3 du 1 mai 1994, avec le titre suivant : Un code pour conserver et restaurer l’art contemporain

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