Strawberry Hill for ever

L’English Heritage négocie son coup de foudre

Par Martin Bailey · Le Journal des Arts

Le 16 mai 1997 - 403 mots

Strawberry Hill, une fantaisie néo-gothique du XVIIIe siècle, pourrait connaître une seconde jeunesse grâce au soutien de l’English Heritage et de la Loterie nationale.

LONDRES (de notre correspondant) En 1747, Horace Walpole, fils cadet de Premier Ministre fait l’acquisition d’une résidence à Twickenham, au bord de la Tamise, et la transforme aussitôt en "délicieuse babiole" de style gothique. Pour la décoration intérieure, il n’hésite pas à recourir à des pièces d’origine : le tombeau d’un archevêque sert de base à un chambranle de cheminée, les fenêtres sont composées de fragments de vitraux anciens venus des Flandres. Le cadre voulu par Walpole est resté intact, notamment dans la bibliothèque, la tribune, la salle du petit déjeuner et la Grande galerie. La maison est jugée d’un intérêt tout à fait exceptionnel par l’English Heritage, organisme chargé notamment de l’inventaire des monuments historiques. Néanmoins, celui-ci s’engagera à assurer sa restauration et sa gestion seulement si des fonds sont levés pour couvrir les travaux et une fondation créée afin d’assumer les frais d’entretien. Le coût total atteindrait au moins 10 millions de livres sterling (soit près de 100 millions de francs), quatre millions pour les travaux et six millions pour la fondation (dont on espère un revenu annuel de 250 000 livres).

Gouffre financier
Des discussions ont déjà été engagées avec le Heritage Lottery Fund et pourraient aboutir à une subvention cet automne. Cependant, la Loterie n’accorde des dons que dans "des circonstances exceptionnelles", et seules quatre fondations ont jusqu’à présent bénéficié de son aide. En tout état de cause, si la demande de l’English Heritage est acceptée, l’institution devra participer pour au moins 25 % au financement de l’opération. St. Mary’s University College, l’actuel propriétaire, est tout à fait d’accord pour transmettre Straw­berry Hill à l’English Heri­tage par un bail de longue durée, à condition que les fonds réunis soient suffisants pour assurer l’avenir du bâtiment. Selon le directeur adjoint David Smith, la maison est devenue un gouffre financier pour l’université, aussi vaudrait-il mieux la restaurer et l’ouvrir plus largement au public. Si le projet de réhabilitation aboutit, ce sera l’occasion de réunir en un même lieu les œuvres de la collection de Horace Walpole, aujourd’hui dispersée entre différentes institutions. Certains musées ont déjà fait savoir qu’ils prêteraient volontiers des œuvres pour une exposition dans leur demeure d’origine.
On peut visiter Strawberry Hill les dimanches après-midi, d’avril à octobre, ou sur rendez-vous (informations au 44 181 240 4114).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°38 du 16 mai 1997, avec le titre suivant : Strawberry Hill for ever

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