Donation

Simone par Karl-Jean Longuet

Par Isabelle Manca-Kunert · L'ŒIL

Le 27 septembre 2022 - 424 mots

Le Musée des beaux-arts de Dijon vient d’inaugurer une exceptionnelle donation de trente-huit sculptures de Simone Boisecq et Karl-Jean Longuet.

Couple

Œuvre la plus ancienne de la donation, ce plâtre marque un jalon dans la carrière et la vie de Karl-Jean Longuet. Le sculpteur, arrière-petit-fils de Karl Marx, rencontre Simone Boisecq en 1946. Sous son charme, il demande à la jeune femme de poser pour lui afin de réaliser son portrait. Cette rencontre sera décisive, car le couple éclot dans l’atelier lors de cette séance de pose. Cet amour naissant transforme aussi en profondeur sa pratique artistique quand Simone lui ouvre d’autres perspectives.

Tournant

L’œuvre de Longuet est alors encore très influencée par le classicisme de Maillol. Simone, qui a suivi des études de philosophie et d’esthétique, est en revanche plus sensible à l’abstraction, bien qu’elle ait un temps arrêté de dessiner pour étudier. Sa découverte de l’avant-garde parisienne et sa rencontre avec son futur mari vont lui donner envie de renouer avec sa pratique artistique. Ensemble, ils fréquenteront l’atelier de Brancusi et prendront fait et cause pour l’abstraction.

Reconnaissance

Chose rarissime dans les couples d’artistes de l’époque, ils font carrière à part égale, aucun ne se mettant en retrait pour laisser briller l’autre. Toutefois, étrangement, ils ne cherchent pas à faire carrière ; ils ne sont d’ailleurs pas représentés par une galerie. Leurs enfants se sont donné pour mission de diffuser leur œuvre et assurer leur visibilité dans les institutions françaises grâce à des donations. Avec 38 sculptures, celle consentie au musée dijonnais est la plus importante.

Sculpture

L’établissement bourguignon n’a pas été choisi au hasard. Les donateurs ont été sensibles à la forte représentation de la sculpture dans l’institution. Celle-ci est en effet dans l’ADN du musée qui conserve, notamment, les célèbres retables et tombeaux des ducs de Bourgogne, mais aussi, plus proches de nous, des œuvres majeures de Barye, Rude, Rodin, Carpeaux ou encore Pompon. Le musée avait par ailleurs déjà procédé à des acquisitions des œuvres de Boisecq et Longuet en 2007 et 2021.

École

Autre atout qui a joué en faveur de Dijon, le musée possède une collection de référence d’œuvres de la Nouvelle École de Paris. On peut, entre autres, y admirer des pièces signées Vieira da Silva, Roger Bissière, Jean Bertholle, François Stahly ou encore Árpád Szenes. Or, le couple était très proche des artistes de ce mouvement. Si pour l’inauguration de la donation, leurs œuvres sont exposées dans un espace dédié, elles seront en revanche par la suite présentées au milieu de leurs confrères et amis.

Thématiques

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°758 du 1 octobre 2022, avec le titre suivant : Simone par Karl-Jean Longuet

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