Saint Raymond, une antiquité rêvée

Fermé pendant cinq ans pour d’importants travaux, le Musée des antiques de Toulouse rouvre ses portes

Par Olivier Michelon · Le Journal des Arts

Le 28 mai 1999 - 616 mots

Le Musée Saint-Raymond, Musée des antiques de Toulouse, vient de rouvrir après cinq ans de rénovation et de fouilles dans ses fondations. Judicieusement remanié, le bâtiment offre aujourd’hui la possibilité de redécouvrir une des plus importantes collections françaises d’antiques, et un pan entier de la ville.

TOULOUSE - Cinq années de fermeture ont été nécessaires à la rénovation du Musée Saint-Raymond, institution séculaire. D’un coût total de 21,7 millions de francs – partagé entre l’État, la Ville et la Région –, les travaux ont permis de doubler sa surface d’exposition : 1 100 m², répartis sur quatre niveaux, sont aujourd’hui consacrés aux prestigieuses collections du Musée des antiques et offrent la possibilité de visiter les fondations du musée, un sous-sol archéologiquement fertile.
L’aspect originel du bâtiment de brique, construit en 1523 à l’ombre de la basilique Saint-Sernin, a été préservé. L’ancien collège reste un des rares témoignages de l’architecture toulousaine de la fin du Moyen Âge, malgré les modifications que lui a fait subir Viollet-le-Duc lors de son sauvetage, à la fin du XIXe siècle. La galerie-loggia, qui s’étend sur la façade méridionale, est aujourd’hui visible dans son ensemble et permet un éclairage généreux des marbres antiques. Quant au tinel, la salle d’honneur du collège située au premier étage, il été restauré et son plafond à la française restitué.

Tolosa en Narbonnaise
Mais la plus importante restitution est celle de l’histoire du lieu, offerte au public dans le sous-sol. La fouille effectuée pendant les travaux a en effet mis au jour un important site archéologique. De la nécropole formée au Ve siècle autour de la sépulture de Saint Satirnus, premier évêque de Toulouse, martyrisé en 250, à la construction du collège, le site a toujours été au centre de l’histoire de la Ville rose. Des épitaphes et des sarcophages témoignent de rites funéraires païens et paléochrétiens ; quant à la période médiévale, elle apparaît dans les soubassement des édifices qui se sont succédé à partir du XIe siècle.

Fondé en 1891, le musée n’a cessé de s’enrichir autour d’importantes collections qui incluent l’Antiquité grecque, étrusque, chypriote et romaine, et couvrent aujourd’hui une période comprise entre la protohistoire (-2000 av. J.-C.) et l’an 800. Ces pièces proviennent pour la plupart de sites archéologiques du Sud-Ouest, comme celui de Chiragan, dans la périphérie de Toulouse, auquel un étage entier est consacré. Sa première fouille d’envergure, en 1826, est d’ailleurs le fait d’Alexandre du Mège, conservateur du Musée des antiques, alors aux Augustins, l’actuel Musée des beaux-arts de la ville. Connue depuis le XVIIe siècle, l’ancienne villa romaine a fourni de nombreux décors architecturaux et des sculptures. Certaines sont des répliques romaines de chefs-d’œuvre grecs, telle la tête de la Vénus de Martres, très proche du style de Praxitèle.

L’histoire de la ville de Tolosa, une des plus prospères de la province romaine de Narbonnaise, clôt le parcours. Romanisée progressivement entre le Ier siècle av. J.-C. et le Ve siècle, la région abritait des tribus celtes dont la présence est avérée par de superbes torques en or, apanage des princes et des guerriers. Là encore, les pièces majeures abondent : ainsi, les neufs portraits impériaux judéo-claudiens découverts fortuitement au milieu du siècle dernier à Béziers. Le musée s’enorgueillit d’ailleurs de posséder la plus importante galerie de portraits romains après celle du Louvre.
Doté d’un espace d’exposition temporaire dans le tinel et en charge d’autres sites, comme la crypte archéologique de la basilique funéraire de Saint-Pierre-des-Cuisines ou le sanctuaire antique de Toulouse-Purpan-Ancely, le Musée Saint-Raymond dispose de nouveaux atouts pour diffuser l’histoire d’une région empreinte de romanité.

Musée Saint-Raymond, place Saint-Sernin, 31000 Toulouse, tlj 10h-18h ; du 1er juin au 30 août, 10h-19h. Catalogue, éditions Somogy, 190 p., 250 F.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°84 du 28 mai 1999, avec le titre suivant : Saint Raymond, une antiquité rêvée

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