Ronchamp étend son musée de la mine

Ronchamp (Haute-Saône). Le 10 avril, la déconstruction d’une partie du Musée de la mine Marcel-Maulini faisait l’événement dans la petite commune rurale de Ronchamp. Prélude à de grands travaux, la disparition de ce pavillon d’accueil sera suivie d’un important chantier d’extension, envisagé depuis 2008. « C’est un projet qui a mis du temps à démarrer, constate le maire (Divers gauche) Benoît Cornu, mais les habitants sont dans l’attente, on sent un vrai engouement. »

L’engouement trouve écho dans l’important investissement consenti par Ronchamp pour ces travaux : 3 millions d’euros, dont 80 % de subventions. Pour ce musée pourtant dépourvu de label « Musée de France », la Mairie a obtenu des financements de la part de partenaires plus ou moins habituels : le Fonds européen de développement régional (Feder), la Région, le Département, et, pour 1 million d’euros, le Fonds national d’aménagement et de développement du territoire (FNADT) – qui subventionne les projets structurants au sein du massif des Vosges –, et la Dotation d’équipement des territoires ruraux (DETR).

Le reste à charge pour la commune de 2 800 habitants s’élève à 600 000 euros, auxquels s’ajoutent 150 000 euros estimés pour le chantier des collections. Deux collectes, dont l’une en partenariat avec la Fondation du patrimoine, vont être lancées pour financer ce reste à charge. « Avant d’être un projet touristique, c’est un hommage que l’on rend aux travailleurs du fond, fait savoir le maire pour expliquer cet important investissement. L’histoire minière court sur plus de deux cents ans à Ronchamp ; bien avant que la chapelle de Le Corbusier ne soit construite, plus de 1 500 personnes travaillaient dans la mine. » Lorsque la fermeture du dernier puits survient, en 1958, le médecin Marcel Maulini entreprend une large collecte d’objets qui doit documenter tous les aspects de la vie d’une cité minière ; conditions de travail, santé, sciences et techniques, économie de la mine, vie culturelle et artistique : rien n’échappe au docteur. En 1976, cette collection prend place dans un bâtiment neuf attenant à sa maison.

La Ville rachète la maison de Marcel Maulini en 2017, pour étendre le musée : l’architecte Arnaud Delziani est retenu pour réhabiliter les deux bâtiments, et créer une extension qui les réunit. Marion Golmard est responsable du lot scénographie, qui doit transformer une « “maison de la mine”en véritable “musée de la mine” », selon la formule du maire.

En attendant, la toute petite équipe du musée (composée d’une chargée de médiation et d’un responsable de l’inventaire) s’affaire autour des collections du musée. L’inventaire entamé en 2023 a réservé d’importantes surprises au binôme : de 900 pièces connues, la collection est passée au total à quelque 3 000 objets. « On a retrouvé de véritables pépites, un ensemble de dessins sur lequel nous n’avions aucune information et qui sont une vraie richesse, révèle Denis Berthet, chargé de l’inventaire, mais aussides statuettes en charbon, des mannequins en bois… » Le projet muséal entend valoriser l’approche multidisciplinaire du docteur, et de récentes donations de tableaux vont permettre d’étoffer la dimension artistique du futur parcours. Ce dernier se prolongera à l’extérieur du musée : « Nous voulons amener le visiteur vers l’extérieur, à la découverte des anciens puits, des galeries qui subsistent sur le territoire », explique Denis Berthet.

Avec cet investissement hors norme pour une petite commune, Ronchamp réfléchit également au recrutement d’un conservateur ou attaché de conservation, dans l’objectif aussi de l’obtention du label « Musée de France ».