Muséographie

Renaissance lilloise

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 17 mars 2006 - 582 mots

Le Palais des beaux-arts de la ville inaugure les nouveaux espaces de sa galerie de la Renaissance. Un parcours inédit résolument tourné vers le public.

 LILLE - Fermée depuis 2000, la galerie de la Renaissance du Palais des beaux-arts de Lille, consacrée à l’art des Pays-Bas anciens de la fin du XVe et du début du XVIe siècle, a rouvert ses portes au public le 5 mars après d’importants travaux de rénovation. « Je me suis laissée guider par les collections, témoigne Florence Gombert, conservatrice en charge du département des Antiquités, du Moyen Âge et de la Renaissance. Les triptyques sont présentés de manière à en dévoiler tous les aspects : le visiteur peut librement tourner autour. » Classés par ordre chronologique, placés au centre de la galerie, ils dialoguent avec les sculptures et peintures présentées alentour. Sorties pour la première fois des réserves, une Vierge à l’Enfant et Saint Gilles, deux sculptures picardes de la fin du XVe et du début du XVIe siècle, sont ainsi confrontées à des statues des environs de Lille et du Hainaut, elles-mêmes mises en relation avec deux triptyques du peintre de Douai Jean Bellegambe, La Trinité et le Bain mystique. Conçue dans le sillage de l’exposition que Florence Gombert avait consacrée au Maître au feuillage brodé (lire le JdA no 216, 27 mai 2005), cette libre disposition des œuvres permet de multiplier les points de vue. Elle montre aussi comment les peintres ont pu s’inspirer des sculpteurs pour exécuter leurs toiles en grisaille.
Connue pour abriter des chefs-d’œuvre comme le Vieillard de l’Apocalypse de Saint-Omer (XIIe siècle), la galerie du Moyen Âge, dans le même département, a quant à elle subi quelques modifications concernant l’éclairage et la rédaction des fiches techniques. « L’anonymat ne doit pas être fatal à la mémoire des œuvres. Chaque cartel insiste sur les différents maîtres et ateliers qui ont travaillé sur une même pièce, précise la conservatrice. Par ailleurs, j’ai beaucoup insisté sur l’iconographie médiévale, c’est souvent ce qui fait défaut au public. »
Créée selon ce même esprit didactique, une galerie d’étude présente des œuvres conservées dans les réserves, tandis qu’un « rendez-vous saisonnier » mettra en lumière telle nouvelle attribution – prochainement, il s’agira de savoir qui, de Peter Pourbus ou de Barthel le Jeune, est l’auteur d’une Crucifixion – ou restauration. Les aménagements se sont en effet accompagnés de nombreux travaux de réfection sur les œuvres. Parmi les opérations exemplaires, citons la restauration de Sainte Marie-Madeleine, une rare et fragile peinture du début de XVIe siècle, réalisée à la détrempe – on en dénombre moins d’une centaine de ce type dans le monde –, ou encore celle d’un relief anglais en albâtre polychrome du XVe siècle figurant le Repas chez Simon. Deux autres salles ont également vu le jour. L’une est dévolue à l’Allemagne du XVe siècle – où sont accrochées des pièces d’exception tel le retable sculpté de saint Georges –, l’autre, à l’Italie du XVIe, opérant ainsi la transition avec les maniéristes installés au premier étage. Résolument tourné vers le public, ce parcours se renouvellera en fonction des avancées de la recherche et des nouvelles acquisitions. Pour sa part, Florence Gombert, qui travaille parallèlement au recollement de la collection de sculptures du musée, réfléchit déjà à une meilleure organisation de la section Antiquités du département.

GALERIE DE LA RENAISSANCE

Palais des beaux-arts de Lille, place de la République, 59000 Lille, tél. 03 20 06 78 00, tlj sauf lundi matin et mardi, 10h-18h et 19h le vendredi.

LE DÉPARTEMENT DES ANTIQUITÉS, DU MOYEN ÂGE ET DE LA RENAISSANCE

- Superficie : 2 200 m2 - Nombre d’œuvres présentées : 212 - Nombre d’œuvres sorties des réserves : 16 peintures et 30 sculptures

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°233 du 17 mars 2006, avec le titre suivant : Renaissance lilloise

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