Archives

Qui sont les usagers des archives en ligne ?

Par Sindbad Hammache · Le Journal des Arts

Le 5 mai 2022 - 593 mots

FRANCE

Selon une étude récente, l’utilisation des archives numériques est dominée par les recherches généalogiques effectuées surtout par des retraités.

Arbre généalogique d'Alexandre de Chaponay, chevalier né en 1675. © Archives du département du Rhône et de la métropole de Lyon
Arbre généalogique d'Alexandre de Chaponay, chevalier né en 1675.
© Archives du département du Rhône et de la métropole de Lyon

France. Après une première enquête menée en 2014, visant à mieux identifier le public des archives, le Service interministériel des archives de France (SIAF) a poursuivi ce travail en 2021 avec un questionnaire destiné aux usagers des services archivistiques en ligne. Traitées par l’agence Voix/Publics, les 27 723 réponses exploitables forment à ce jour la plus large enquête sur l’usage en ligne des patrimoines. Si certains résultats ont été biaisés par les effets de la crise sanitaire, la comparaison des enquêtes de 2014 et 2021 permet de noter des continuités, une meilleure satisfaction des usagers, mais aussi quelques faiblesses.

D’après le rapport « Deux milliards de clics, enquête sur les usagers en ligne des archives » de Noémie Couillard et Maylis Nouvellon, le portrait-robot de l’usager des archives numérisées n’a que peu évolué depuis 2014. Il s’agit d’un jeune retraité, plus diplômé que la moyenne des Français, à l’aise avec l’utilisation des outils numériques et amateur de visites culturelles. Dans la grande majorité, c’est un adepte de recherche généalogique : ces dernières concernent 84 % des consultations d’archives en ligne, un taux qui est même légèrement supérieur pour les Archives départementales.

Sous-représentation des jeunes et des femmes sur le long terme

La répartition entre retraités et actifs est également la même qu’il y a huit ans, un rapport deux tiers/un tiers qui pouvait laisser craindre un faible renouvellement des usagers. Il n’en est rien, puisqu’un tiers des usagers pratique la recherche, en ligne ou en salle d’archives, depuis moins de cinq ans. Autre motif de satisfaction depuis la dernière étude, le profil des usagers s’est un peu féminisé, avec un progrès de cinq points. Mais si 48 % des usagers sont des « usagères », leur représentation baisse avec le temps. Les jeunes sont également sous-représentés chez les usagers fidèles, pratiquant les recherches depuis plus de trois ans : « Comment comprendre ce phénomène ? Cette déperdition est-elle liée aux formes de sociabilité qui entourent la consultation en archives ? », questionne le rapport. L’enjeu est important car la majorité des usagers d’archives ont une pratique régulière – plusieurs connexions par mois pour 39 % d’entre eux, et plusieurs par semaines pour 38 % – qu’ils maîtrisent bien : 9 % seulement des répondants estiment avoir un niveau débutant dans l’usage des plateformes d’archives en ligne.

Le rapport souligne par ailleurs que les usagers des services en ligne sont également des lecteurs en salle d’archives. Dans une moindre proportion, certes : il y avait 48,6 millions de connexions en 2019, contre 1,4 million de visites sur sites (des chiffres biaisés par les fermetures sanitaires et les pratiques numériques liées au confinement en 2020). Mais 71 % des utilisateurs des archives sur le web ont également fait des recherches in situ, au moins une fois. L’étude révèle également que la satisfaction des usagers des sites d’archives est bien meilleure qu’il y a huit ans, avec 52 % de lecteurs qui recommandent le service. Les usagers des Archives nationales, plus professionnels que les lecteurs d’archives départementales et municipales, sont ceux qui expriment les attentes les plus fortes concernant l’amélioration des outils de recherche.

Si cette enquête quantitative permet de tirer quelques enseignements, les autrices du rapport soulignent qu’elle ouvre sur des questions qui exigent de poursuivre le travail par une enquête qualitative. Pour comprendre les mécanismes de fidélisation des lecteurs, et savoir comment se construisent les « carrières » de généalogiste amateur ou d’usager professionnel des archives, « l’approche qualitative est la plus appropriée », en observant notamment des groupes et des usages.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°588 du 29 avril 2022, avec le titre suivant : Qui sont les usagers des archives en ligne

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