Prague : enfin l’art moderne

Ouverture d’un musée après 21 ans de litiges

Le Journal des Arts

Le 1 janvier 1996 - 488 mots

Après une interminable saga qui aura duré vingt et un ans, ponctuée de rendez-vous manqués et de surcoûts financiers, le Musée d’art moderne de la République tchèque a enfin ouvert ses portes au Veletrzni Palac de Prague. Grâce à l’importance de ses collections permanentes – plus de 12 000 œu­vres – et une politique d’expositions temporaires, le musée aura enfin l’occasion de retracer l’évolution de l’art moderne tchèque dans son contexte européen, d’autant plus que certaines œuvres ont longtemps été interdites d’exposition par le régime communiste.

PRAGUE (de notre correspondant) - Construit entre 1925 et 1929 sur les plans des architectes tchèques Oldrich Tyl et Josef Fuch, le Veletrzni Palac devait symboliser le boom industriel et commercial de la Tchécoslovaquie de l’entre-deux-guerres. C’était, à l’époque, le plus grand centre d’exposition du monde : "Un morceau d’Amérique transféré sur notre sol", s’enorgueillissaient même les Tchèques.

Endommagé par un incendie, en 1974, le bâtiment fonctionnaliste de cinq étages a été offert à la Galerie nationale pour que celle-ci y installe ses collections d’art moderne. Sa rénovation et sa nouvelle affectation, émail­lées d’interminables litiges, auront finalement coûté plus d’un milliard de couronnes (près de 200 millions de francs).

Les coûts de fonctionnement annuels atteindront, eux, 60 à 90 millions de couronnes (12 à 18 millions de francs), selon Martin Zlatohlavek, le nouveau directeur du musée. Ces frais devraient être en partie couverts par la location des boutiques, des bureaux, des restaurants et du cinéma aménagés au sein du Veletrzni Palac.

Le Musée d’art moderne abrite quatre collections permanentes de la Galerie nationale : l’art tchèque de 1900 à 1960 et de 1960 à nos jours, l’art français des XIXe et XXe siècles, et l’art européen du XXe siècle. Trois cent cinquante œuvres seront exposées en permanence et régulièrement renouvelées grâce aux 8 000 tableaux et 4 000 sculptures conservés dans les réserves.

En association avec le Whitney Museum
Selon Radek Vane, le jeune (29 ans) conservateur du département d’Art européen du XXe siècle, le budget d’acquisitions du musée ne devrait pas dépasser deux millions de couronnes (400 000 francs). Dans ces conditions, la future commission chargée des acquisitions pourrait vendre des œuvres mineures – beaucoup sont actuellement prêtées à des banques et diverses institutions – afin de remplir ses caisses.

L’exposition inaugurale propose une importante rétrospective du sculpteur tchèque Otto Gutfreund (1889-1927), l’un des leaders du premier mouvement cubiste. Au mois de mai, des œuvres de la collection Kahnweiler, prêtées par le Musée national d’art moderne de Paris, seront présentées en relation avec la collection d’œuvres cubistes de Vincenc Kramar. Exposée au Veletrzni Palac, cette collection a précisément été achetée chez Kahnweiler avant la Première Guerre mondiale. Enfin, à l’automne, le musée présentera – en association avec le Whitney Museum de New York, qui a également offert de prêter quelques œuvres d’art moderne et contemporain pour l’inauguration – une exposition sur l’art américain de ces vingt dernières années, parrainée par Philip Morris.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°21 du 1 janvier 1996, avec le titre suivant : Prague : enfin l’art moderne

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