Pont symbolique

Mostar va retrouver son ouvrage d’art

Le Journal des Arts

Le 24 janvier 2003 - 389 mots

Les plans du célèbre pont de Mostar datant du XVIe siècle, détruit par les forces serbo-croates en novembre 1993, ont été finalisés, et sa reconstruction devrait être achevée d’ici à la fin de l’année.

MOSTAR - Le coût des travaux de la reconstruction du pont de Mostar [ville de Bosnie-Herzégovine, sur la Neretva], estimé à 15 millions d’euros, sera financé grâce à un prêt de 3,8 millions d’euros de la Banque mondiale, et les dons des autorités bosniaques, des gouvernements turc, italien et néerlandais ainsi que d’organisations tels l’Unesco et le Fonds des monuments mondiaux. Cette reconstruction sera le symbole de la réunification dans la ville de Mostar. Dévastée pendant la guerre, elle est aujourd’hui partagée entre diverses ethnies. Avant le conflit, musulmans et chrétiens cohabitaient dans l’harmonie, et les hommes de toutes religions s’affrontaient tous les ans lors d’un concours de plongeon depuis le pont.
Réalisé en 1566 par l’architecte ottoman Mimar Hajrudin, le pont, long de 30 mètres, haut de 20 mètres et à travée unique, figure sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Sa construction était une prouesse architecturale, ce qui augure de l’adresse que demandera sa restauration. Le style de découpe et d’assemblage des voussoirs et la géométrie oblique de la structure relèvent d’une expertise ancienne qui n’est plus pratiquée. PCU, l’entreprise créée pour la reconstruction, est en charge du projet et a recruté des experts en Italie et en Turquie, dont la société florentine General Engineering Company, qui a effectué une évaluation de la structure avec l’aide du département d’Ingénierie civile de l’université de Florence.
Sur un plan historique, le fait que la Turquie moderne contribue à la réhabilitation de ce chef-d’œuvre ottoman est des plus satisfaisants. L’entreprise Yapi Merkezi a rétabli et renforcé les fondations du monument, et une autre société turque, Er-Bu, a gagné le concours international pour un projet qu’elle estime pouvoir achever d’ici à la fin de l’année, soit juste dix ans après la destruction. Les pierres taillées d’origine ne seront pas réutilisées, toutefois, la nouvelle structure sera similaire à l’ancienne par sa forme et ses matériaux. En témoignent déjà les voussoirs – pierres de la voûte – qui ont été taillés dans une pierre locale, précédemment employée pour le pont détruit. Bien que des plans architecturaux de la structure existent, aucun document ne fournit d’explication sur sa réalisation.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°163 du 24 janvier 2003, avec le titre suivant : Pont symbolique

Tous les articles dans Patrimoine

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque