Musée de La Havane : pendant l’été la vente continue

Le Journal des Arts

Le 4 juillet 1997 - 362 mots

La fermeture du Museo Nacional de Bellas Artes de La Havane fait craindre une accélération d’un phénomène que les Cubains dénomment non sans humour l’autorobo, ou \"autovol\", à savoir la vente du patrimoine artistique cubain par le régime castriste.

MIAMI. La rénovation du musée de La Havane était plus que nécessaire, mais la communauté cubaine en exil suspecte le gouvernement de vouloir par ce biais systématiser la dilapidation du patrimoine artistique cubain engagée depuis des décennies. Le cas le plus récent a contraint des membres de la Cuban American Heritage Foundation à exercer des pressions sur Christie’s New York afin que celle-ci retire de sa vente d’art latino-américain du 29 mai un tableau de René Portocarrero estimé entre 40 000 et 50 000 dollars. Cette huile, qui appartenait jadis à la famille Medrano, avait été saisie par le gouvernement castriste, comme tant d’autres, et transférée au Museo Nacional de Bellas Artes. En tout état de cause, elle aurait été vendue à l’une des galeries de La Havane contrôlées par l’État avant d’être consignée anonymement chez Christie’s. Un autre exemple de ce "commerce d’État" vient de Madrid, où la Galeria Ansorena a mis en vente, en 1996, des tableaux de Wifredo Lam, René Portocarrero et Angel Acosta Leon. Bien que le galeriste ait affirmé que ces œuvres provenaient de Suisse, des émigrés cubains ont constaté la présence de marques au dos des toiles prouvant qu’elles avaient été prises à des collectionneurs privés. Déjà, en 1989 et 1990, des tableaux ayant autrefois appartenu au magnat du sucre Oscar Cintas ont été dispersés par Christie’s et Sotheby’s (lire le JdA n° 21, janvier 1996) et, en 1994, des centaines d’œuvres confisquées ont été mises aux enchères à Milan. Réfutant en bloc les allégations portées contre lui, l’État cubain a joint le geste à la parole ce printemps en refusant, au nom de la "préservation de son patrimoine culturel", de se séparer de la moitié d’un tableau de Canaletto, Vue de la Tamise à Chelsea, dont la National Gallery de Londres possède l’autre moitié. "C’est l’arbre qui cache la forêt, estiment certains observateurs. Il est beaucoup plus facile aux autorités de continuer leur trafic dans l’ombre".

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°41 du 4 juillet 1997, avec le titre suivant : Musée de La Havane : pendant l’été la vente continue

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