Collection

L’unique statue équestre de Napoléon Ier

Par Isabelle Manca-Kunert · L'ŒIL

Le 23 septembre 2025 - 470 mots

Le château de Fontainebleau a raflé la mise lors de la vente de la collection Colonna Walewski, en juin dernier, en s’offrant la seule statue équestre connue de l’Empereur.

Rareté

On ne compte plus le nombre de représentations de Napoléon Ier. Et pour cause, car ce génie politique a su comme personne mettre en scène son image au service de sa propagande. Mais, étonnamment, on ne connaît aucune statue équestre de l’Empereur ; un genre pourtant incontournable depuis l’Antiquité pour tout souverain qui se respecte. Le projet de Jean Guillaume Moitte (1746-1810) adopte d’ailleurs les codes de la statuaire romaine en s’inspirant ouvertement du modèle de référence : la statue de Marc Aurèle.

Projet retoqué

Si aucune sculpture n’a été réalisée, plusieurs projets ont toutefois été portés dans les grandes villes de l’Empire. À commencer par Bordeaux qui, en 1801, commande à Moitte une statue en pied du Premier consul totalement nu ! Ce projet, qui déplaît à Napoléon, ne se concrétise pas. Mais dès la proclamation de l’Empire, les magistrats bordelais relancent l’idée d’une statue glorifiant Napoléon tel un empereur romain. Coiffé de lauriers et vêtu à l’antique, il tient son glaive d’une main et avance l’autre en signe de commandement.

Contexte politique peu favorable

Cette œuvre destinée à l’espace public n’aboutit pas non plus : en 1805, l’Empereur juge incongru une telle démonstration de pouvoir, qui pourrait être vue comme une provocation inutile. La ville de Bordeaux subit en effet de plein fouet les conséquences économiques du blocus continental. Ce qui devait être le couronnement de la carrière de Moitte reste ainsi à l’état de projet. Preuve de son attachement à cette œuvre, le sculpteur la conservera jusqu’à son dernier jour dans l’intimité de sa chambre à coucher.

Un artiste impérial

Aujourd’hui moins connu que certains de ses confrères, Jean Guillaume Moitte est l’un des plus grands sculpteurs au tournant du XVIIIe siècle. Élève de Jean-Baptiste Pigalle et de Jean-Baptiste Lemoyne, il décroche le prix de Rome et est actif sous les derniers feux de l’Ancien Régime, notamment auprès de l’orfèvre du roi, Henri Auguste. Son talent lui permet toutefois de rester en place malgré les changements politiques. Il réalise ainsi de grands projets de sculptures monumentales au Louvre, au Panthéon ou encore à l’hôtel de Salm.

Collection de prestige

Ce magnifique bronze était l’un des lots les plus convoités de la vente du comte et de la comtesse Colonna Walewski. Le descendant direct de Napoléon Ier a dispersé, chez Osenat, une partie de sa collection réputée pour le prestige et la provenance de ses pièces. La vente a généré un résultat brut de près de 2 millions d’euros. Outre le château de Fontainebleau qui a déboursé 234 000 euros pour la statue, le Musée d’Orsay s’est offert trois assiettes du service « pompéien » du prince Jérôme Napoléon (1822-1891).

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°789 du 1 octobre 2025, avec le titre suivant : L’unique statue équestre de Napoléon Ier

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