Lumières sur le Bernin

Rome est le théâtre de découvertes sur le génie baroque

Le Journal des Arts

Le 5 décembre 1997 - 473 mots

Alors qu’approche la célébration en 1998 du quatrième centenaire de la naissance du Bernin, les études sur son œuvre se multiplient. Attributions et restitutions devraient permettre d’enrichir la connaissance de l’artiste romain.

ROME (de notre correspondant) - Parmi les attributions, deux angelots dans l’église de Sant’Andrea delle Fratte, près de la place d’Espagne, ont particulièrement retenu l’attention. L’église a été fréquemment citée dans les médias ces derniers temps, car la fresque de Pasquale Marini dans l’abside a été endommagée par une secousse sismique, à vrai dire sans trop de gravité puisque les débris de plâtre qui sont tombés faisaient partie d’un vieux stuc de restauration. Sant’Andrea delle Fratte est célèbre pour les deux anges du Bernin, primitivement destinés au parapet du pont Saint-Ange et finalement installés sur le maître-autel du pape Clément IX. Dans la même église, l’autel de saint François de Paule, du XVIIIe siècle, surmonté d’une composition en stuc de Giovanni Battista Maini, est couronné par deux angelots qui pourraient bien être également l’œuvre du Bernin. C’est ce qui ressort d’une relecture comparée de documents en partie inédits, à commencer par un inventaire dressé en janvier 1681, peu après la mort de l’artiste.

En outre, ces angelots ne sont pas en stuc comme on le croyait, mais en marbre, une constatation faite grâce à la grue mise à la disposition des spécialistes par les pompiers afin d’atteindre les deux anges noircis par le temps (ils seront nettoyés lorsque les dégâts du tremblement de terre auront été réparés). Les restaurations des œuvres du Bernin ont aussi apporté de nouvelles données qui éclairent les “mises en scène” du génie baro­que. À Sant’Andrea al Quirinale, les restaurateurs sont intervenus sur l’auréole dorée, moulée en stuc par Antonio Raggi, surmontant le maître-autel. Une fois ôté le badigeon entre les faisceaux de l’auréole, elle s’est révélée être entièrement dorée, tout comme la multitude d’anges et de chérubins qui y sont entrelacés.

Le Bernin a de plus accentué l’effet spectaculaire de la vision céleste en créant un effet de contre-jour entre l’auréole dorée et le mur du fond, dont il a voilé les nuages de stuc d’une peinture à l’huile aux tons gris-bleu. Par ailleurs, dans la petite coupole, a été retrouvée une fausse fenêtre faite d’un châssis de bois et de vitres, qui parachève l’illusion en reflétant elle aussi la lumière. Le jeu sophistiqué des sources d’éclairage naturel a été renforcé par la réouverture, à la droite du sommet de la niche, d’une fenêtre qui avait été bouchée. La symétrie des éclairages a ainsi été reconstituée, puisque, sur le côté opposé, lui correspond une autre fenêtre qui n’a jamais été obstruée. Enfin, une dernière restauration a confirmé l’attribution à Pietro Bernini, père de Gian Lorenzo, d’un haut-relief scellé dans le mur nord du hall du Musée Borghese : Curzio s’élançant dans le tourbillon du Forum romain.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°49 du 5 décembre 1997, avec le titre suivant : Lumières sur le Bernin

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