L’Institut Courtauld en quête d’espace

Le musée londonien cherche à s’annexer l’aile sud de Somerset House

Par Martin Bailey · Le Journal des Arts

Le 1 octobre 1995 - 586 mots

Installé depuis 1990 dans l’aile nord de Somerset House (lire encadré), l’Institut Courtauld s’y trouve déjà à l’étroit. Son directeur aimerait pouvoir déployer les collections d’art dans la partie sud du bâtiment, mais l’aile est occupée depuis plus de deux siècles par certains services administratifs de la Haute Cour.

LONDRES (de notre corres­pon­dant) - "Somerset House est le plus important édifice du XVIIIe siècle de la capitale, mais il est, en majeure partie, fermé au public. Si une volonté politique s’affirmait en faveur d’une plus grande ouverture, la partie sud, occupée depuis plus de deux siècles par des bureaux, pourrait nous offrir une merveilleuse occasion d’exposer davantage d’œuvres", explique John Murdoch, directeur de l’Institut Courtauld depuis deux ans.

L’extension permettrait en particulier d’offrir un cadre plus approprié à l’ensemble de chefs-d’œuvre impressionnistes et postimpressionnistes rassemblés par Samuel Courtauld. En effet, la plupart de ces soixante toiles sont aujourd’hui accrochées dans la grande salle de l’aile nord, dont les généreuses dimensions ne conviennent guère aux œuvres en question, essentiellement des petits formats.

Ce redéploiement libérerait en outre des espaces pour les expositions temporaires. Une solution d’autant plus légitime que la grande salle a accueilli les présentations estivales de l’Académie royale jusqu’en 1836, et qu’elle fut le premier lieu à Londres spécialement aménagé pour recevoir des expositions.

Du reste, John Murdoch envisage déjà d’y organiser une exposition consacrée à l’architecte de Somer­set House, William Chambers, peut-être à l’occasion du bicentenaire de sa mort, l’année prochaine. À moins qu’il ne choisisse d’y présenter certaines des toiles que Reynolds et Gains­borough y ont exposées, entre 1730 et 1740.

Des collections trop à l’étroit
Outre les impressionnistes, l’espace supplémentaire gagné dans l’aile sud profiterait à l’ensemble des collections de l’Institut. Faute de place, les surfaces d’exposition occupent actuellement 3 000 m2 environ : la moitié des peintures seulement sont exposées, et le département des Sculptures ne présente que quelques pièces de la Renaissance italienne.

Le département des Arts décoratifs est lui aussi réduit à la portion congrue, avec une petite sélection de majoliques, d’émaux et d’ivoires médiévaux, de verres vénitiens et hollandais ainsi que quelques objets d’art islamique. De surcroît, cette extension permettrait au public de découvrir la splendide architecture de Chambers et de profiter de la longue terrasse-

promenade qui domine la Tamise.
Si les autorités décidaient d’accéder à la requête de l’Institut, une demande de subventions serait vraisemblablement présentée au Lottery Millenium Fund. Mais avant tout, comme l’a récemment rappelé le gouvernement, il importe de trouver des nouveaux locaux pour accueillir les services de la Haute Cour, qui occupent l’aile sud de Somerset House depuis 229 ans. Il reste à espérer que ce déménagement n’engendre pas les problèmes qu’a rencontré le Musée du Louvre avec le ministère des Finances…

Déjà plus de cent millions de francs de travaux

Depuis 1990, date à laquelle l’Institut Courtauld a emménagé dans Somerset House, plus de 12 millions de livres (environ 100 millions de francs) ont été dépensés à des travaux de transformation. En attendant une possible extension à l’aile sud du bâtiment, l’aile nord nécessite encore d’importants aménagements, en particulier dans les pièces du premier étage, où sont exposés les maîtres anciens. Le coût prévisionnel des travaux – installation d’un nouveau système de climatisation et d’adduction d’air, pose d’un parquet neuf, réfection des peintures murales… – s’élève à 1,7 million de livres (environ 13 millions de francs) ; une demande de subvention devrait être adressée à l’Heritage Lottery Fund. Les travaux pourraient commencer en 1997 et entraîner la fermeture totale de l’Institut pendant six mois.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°18 du 1 octobre 1995, avec le titre suivant : L’Institut Courtauld en quête d’espace

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