Les vertus de la planification

Santa Maria Maggiore auscultée par le Getty Trust

Le Journal des Arts

Le 4 juillet 1997 - 558 mots

Préalablement au versement d’une subvention, le Getty Trust a demandé au Vatican d’effectuer une étude préliminaire pour la restauration des mosaïques et des fresques de la basilique Santa Maria Maggiore à Rome. Cette initiative devrait rester dans les annales de l’histoire de la restauration italienne comme la première restauration planifiée jusque dans ses moindres détails.

ROME. Durant plusieurs mois, Bruno Zanardi et son équipe de restaurateurs ont longuement arpenté les échafaudages installés dans la basilique Santa Maria Maggiore pour inspecter dans le détail le millier de mètres carrés de fresques et de mosaïques paléochrétiennes et médiévales à restaurer. Ils ont ensuite testé différentes techniques sur des zones témoins, afin de choisir les matériaux les plus appropriés et déterminer le degré de l’intervention ainsi que la durée et le coût de la restauration. Selon Bruno Zanardi, ce type de travail préparatoire n’avait encore jamais été entrepris en Italie. Deux facteurs l’ont rendu possible. D’une part, la volonté du Getty Trust de disposer d’une étude préliminaire détaillée avant de donner son accord au financement de l’opération. D’autre part, le fait que Santa Maria Maggiore ne se situe pas "diplomatiquement" en Italie puisqu’elle bénéficie d’un statut d’exterritorialité du fait de son rattachement au Vatican. Considérant la requête de l’institution américaine comme normale, vu l’importance et la complexité de la restauration, l’État pontifical a donné son accord, tout en plaçant l’étude sous la responsabilité conjointe du Chapitre de la cathédrale, de la Direction des musées et de la Direction des services techniques et des laboratoires chargés des analyses scientifiques. Cent quarante mille dollars (800 000 francs) ont déjà été dépensés, et le coût total de l’opération est estimé à un peu plus de 1,2 million de dollars (7,5 millions de francs). Les travaux devraient mobiliser une équipe de dix restaurateurs à temps plein pendant environ un an et demi. Selon Bruno Zanardi, les études préliminaires auraient diminué le coût d’ensemble du projet d’environ 290 000 dollars. Ce budget et ces délais prévisionnels sont étonnamment réduits comparés au temps et à l’argent engloutis, par exemple, dans la restauration de la fontaine de Neptune à Bologne, de la chapelle de San Brizio à Orvieto, ou des fresques de Piero della Francesca à Arezzo.

Mosaïques des Ve et XIIIe siècles
Une partie des mosaïques à restaurer ont été commanditées par le pape Sixte III au milieu du Ve siècle ; elles représentent des épisodes de l’histoire d’Abraham et de Jacob d’un côté, de Moïse et de Josué de l’autre. La plupart d’entre elles ont été restaurées dans les années trente, mais maints secteurs ont été déposés puis remplacés, ce qui a réduit d’autant la lisibilité de l’ensemble. La grande similitude générale des techniques et des matériaux atteste presque certainement que la décoration de la nef et celle de l’arche triomphale ont été exécutées en même temps. Les grandes mosaïques de l’abside, réalisées par Jacopo Torriti en 1295, figurent le Couronnement de la Vierge, des saints, des anges, trois Scènes de la vie de la Vierge et des motifs décoratifs. L’étude a mis en évidence le soin extrême avec lequel l’artiste a placé et choisi ses tesselles, le plus souvent en pierre et en verre, afin d’obtenir le maximum d’expressivité. Le résultat, d’une extraordinaire splendeur, est parachevé par l’emploi de tesselles argentées et dorées, voire même en cristal de roche pour le parement de la Vierge.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°41 du 4 juillet 1997, avec le titre suivant : Les vertus de la planification

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