Les promesses du Nord

Musée départemental

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 16 mars 2010 - 655 mots

Fermé depuis treize ans, entièrement restauré et repensé, le Musée de Flandre offrira un large panorama de l’art flamand.

CASSEL - Racheté à la commune par le Département du Nord en 1997 et fermé depuis, le Musée de Flandre, à Cassel, fait l’objet de grands travaux de rénovation et de restauration qui devraient s’achever à l’automne prochain. Le musée est installé dans l’hôtel de la Noble-Cour, sur le mont Cassel. Cet édifice composite fut édifié au XVIe siècle sur des fondations remontant jusqu’au XIIe siècle, puis enrichi au XVIIIe siècle, avec une extension de brique jaune.

L’ensemble est un des rares exemples en Flandre de l’architecture maniériste italianisante, avec sa façade en pierre de taille aux multiples figures de griffons et grotesques, mais témoigne également des constructions flamandes traditionnelles. Les premières études du bâtiment, classé monument historique en 1910, ont révélé sa fragilité, retardant le chantier, qui a démarré en 2008 avec la consolidation des fondations. Préalablement, le Département s’est concentré sur la construction de réserves (situées non loin de l’hôtel de la Noble-Cour), composante essentielle des ambitions muséographiques de l’établissement.

Inauguré en 1837 comme un cabinet d’histoire naturelle avant de devenir dans les années 1960 un musée d’art, d’histoire et de folklore, le Musée de Flandre adopte désormais les allures d’un musée de beaux-arts. Et aborde la « Flandre dans ses différentes expressions [pour] recouper des objets qui ne se rencontreraient pas ailleurs, témoignant d’une véritable continuité entre arts ancien et contemporain à travers un parcours thématique », résume sa directrice, Sandrine Vézilier.

Pour ce, de 2004 à 2009, le Département a doté le musée d’un budget d’acquisition important : 733 700 euros pour l’art ancien et 255 000 euros pour la création contemporaine. Sandrine Vézilier a su repérer des œuvres originales et significatives de la grande diversité de l’art flamand. En 2009, elle a ainsi fait entrer dans les collections La Vierge au donateur Joos Vanden Damme (1484), une œuvre exceptionnelle à plus d’un titre. D’abord parce que l’épitaphe, partie intégrante du tableau, mentionne le donateur, mort le 16 mai 1484.

Ensuite parce que ce dernier est représenté les yeux clos, c’est-à-dire mort. Enfin parce qu’il a été possible de retrouver le lieu d’origine où le tableau était accroché, dans la chapelle collatérale de l’église de Termonde. La découverte devrait passionner les spécialistes de l’art flamand, tout comme ce Paysage au château animé de personnages, par Roelandt Savery (1576-1639), acquis en 2008 ou le Concert après le repas, une huile sur toile (1550-1560) attribuée à l’entourage de Jan Van Eeckele.

Vilain appendice
Côté contemporain, citons Les Messagers de la mort décapités, l’Annonciateur du froid de Jan Fabre, ou Geen gezeik iedern rijk de Leo Copers. Le musée s’est aussi enrichi de prêts et dépôts venant de collectionneurs privés et de musées nationaux. Le château de Versailles a ainsi prêté La Bataille de Cassel (1677) d’après Van der Meulen pour l’ouverture. À l’automne, une première exposition sur le thème du corps féminin dans la peinture flamande des XVIe et XVIIe siècles devrait permettre de dévoiler la richesse des collections, dont 600 pièces seront exposées en permanence, soit 10 % du fonds.

Au total, 1 000 mètres carrés seront ouverts au public avec une scénographie signée Didier Blin. Pour la partie classée, actuellement en plein chantier, l’architecte en chef des Monuments historiques Vincent Brunelle a décidé de recouvrir les planchers de béton (afin de répondre aux normes incendie), tandis que les boiseries ont été déposées pour une restauration radicale.

Véritable faute de goût, en lieu et place d’un hangar construit il y a quarante ans, un bâtiment rudimentaire qui rappelle des sanitaires de camping abritera les ateliers pédagogiques dans la cour arrière de l’hôtel, gâchant ainsi la magnifique vue sur la plaine de Flandre. Un vilain appendice au beau projet muséographique proposé par Sandrine Vézilier et ses équipes.

Musée départemental de Flandre, Grand’Place, 59670 Cassel, tél. 03 28 49 10 97. Ouverture à l’automne 2010.

MUSÉE DE FLANDRE Architecte en chef des Monuments historiques : Vincent Brunelle
Scénographie : Didier Blin
Nombre d’œuvres exposées : 600 (sur un ensemble de 6 000)
Surface d’exposition : 1 000 m2
Coût des travaux : 9 millions d’euros (7,5 millions d’euros pour l’hôtel de la Noble-Cour ; 1,5 million d’euros pour les réserves)

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°321 du 19 mars 2010, avec le titre suivant : Les promesses du Nord

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