Massachusetts

Les musées sont dans une mauvaise passe

Le Journal des Arts

Le 21 novembre 2003 - 591 mots

Après une période faste, les musées de Boston doivent s’adapter à la récession économique et revoient leurs projets à la baisse.

 BOSTON - Le boom des musées du Massachusetts de la fin des années 1990 semble appartenir au passé. Les financements se font rares, les partenariats ont du mal à se nouer et les visiteurs se font désirer : les musées sont forcés de s’adapter à une période de récession.
Le Museum of Fine Arts (MFA) de Boston souhaite pourtant aller de l’avant avec un projet signé Sir Norman Foster et tente avec peine de réunir les 425 millions de dollars (370 millions d’euros) nécessaires à la construction et au budget de fonctionnement. Une verrière viendra couvrir une cour intérieure destinée à l’art américain et l’art contemporain. Les travaux, qui débuteront à la fin 2004 pour s’achever en 2009, ont deux ans de retard. Le MFA a dû abandonner son projet financier, « Museum Enterprise Partners », car aucun investisseur privé n’a souhaité gérer les boutiques et les ventes par correspondance. « Nous sommes un musée, pas des spécialistes du capital à haut risque », a déclaré John Stanley, le sous-directeur du MFA, au quotidien Boston Globe, en citant des pertes de 10 millions de dollars dans une « restructuration » somme toute ratée. Les expositions « blockbusters » devraient contribuer à un redressement général.
L’Institute of Contemporary Art (ICA) a pour sa part déjà récolté 17 millions de dollars sur les 60 destinés à un musée conçu par Diller & Scofidio, le premier construit à Boston depuis cent ans. L’ICA compte sur les 7 millions que doit rapporter la vente de son siège actuel, et sur les subventions de l’État du Massachusetts. Ce joyau architectural, dont l’ouverture est prévue pour 2006, réussira-t-il à séduire les visiteurs bostoniens plutôt réfractaires à l’art contemporain ? « Nous devons travailler dur pour intéresser les gens », déclare le directeur, Jill Medvedow. Le conseil d’administration a engagé le cabinet de consultants responsable de la métamorphose de la Tate Modern. Un recadrage d’ici à la fin de l’année « aidera l’ICA à se repositionner sur la scène internationale et à se construire une réputation de destination à ne pas manquer dans le monde de l’art. »

Rénovation avant extension
Depuis que l’université de Harvard a annulé devant l’opposition des riverains son projet de musée d’art moderne et d’art asiatique conçu par Renzo Piano, les musées de l’université – le Fogg Art Museum, le Busch-Reisinger et le Sackler – traversent une période difficile. Avec un manque à gagner de 1,3 million de dollars pour l’année fiscale 2005 et le sabordage de 17,5 postes en 2002, le nouveau directeur Thomas Lentz pourrait reprendre le projet d’extension, mais il devra avant tout s’occuper de la rénovation des musées. Le Fogg, par exemple, ne bénéficie pas de système de climatisation.
Le Sterling et Francine Clark Art Institute à Williamstown, dans le Massachusetts, s’offre quant à lui une extension en deux parties, imaginées par Tadao Ando. La première, qui devrait ouvrir en 2006 et pour un budget de 17 millions de dollars, est une structure en bois et verre pour le centre de conservation régional situé sur un terrain proche du campus principal. La seconde est un bâtiment de verre et d’acier, d’un budget de 35 millions de dollars, qui abritera un restaurant, une boutique, un auditorium et des infrastructures pour l’enseignement et les programmes de recherches du Clark. Malgré un budget de fonctionnement illimité, le directeur Michael Conforti a l’intention de récolter des fonds pour couvrir les frais de l’extension.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°181 du 21 novembre 2003, avec le titre suivant : Les musées sont dans une mauvaise passe

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