XIXe

Les dernières utopies de Guise

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 17 juin 2014 - 487 mots

Rouvert en 2010, le Familistère de Guise s’est enrichi de 12 nouvelles salles d’expositions.

GUISE - Fin de la concurrence, commerce équitable, revenu minimum de subsistance, amour libre… Sous une voûte créée dans le volume du comble, le ciel est constellé de mots, d’idées qui ont inspiré les utopies concrètes, les expérimentations sociales radicales qui ont vu le jour dans le monde, de 1800 à nos jours. La Fabrique des utopies, nichée au troisième étage du Pavillon central du Familistère, en présente 200 dispersées de New Lanark à Johannesburg et de Pondichéry à San Francisco. Toutes se sont efforcées d’atteindre un idéal de justice, d’égalité, de liberté, d’aisance ou d’harmonie ; d’explorer les « possibles » sur les plans économiques, social, intellectuel ou éducatif en véritables laboratoires du changement. Un système multimédia central permet de voyager sur le globe et de visualiser le site de chacune des fabriques, leurs représentations et leurs principaux caractères. « Toutes ces tentatives traduisent une formidable aspiration à mettre en pratique, ici et maintenant, les idéaux profondément réformateurs, à donner l’exemple d’une alternative sociale crédible et montrer pacifiquement à l’ensemble de la société ou de l’humanité la voie à suivre », insiste Frédéric Panni, conservateur du patrimoine au Familistère de Guise. La Fabrique des utopies est l’une des douze nouvelles salles, permanentes et temporaires, inaugurées le 31 mai. Ces aménagements muséographiques, confiés à l’agence d’architecture Frenak Jullien, permettent d’ajouter 1 800 m2 d’expositions aux 1 600 m2 ouverts en 2010 dans le grand Pavillon d’habitation.

La fin d’une expérience visionnaire
Pour rejoindre ces nouveaux espaces, il faut emprunter un escalier en colimaçon, s’avancer sur des coursives alignées sous la grande verrière, et pousser, les unes après les autres, les portes d’anciens appartements. Le n° 15 abrite « les machines à habiter ensemble » aux XIXe et XXe siècles. Unité d’habitation de Firminy du Corbusier, casbah verticale Walden 7 à Barcelone de Ricardo Bofill… Des maquettes réalisées au 1/100e permettent de visualiser des architectures rares et remarquables qui réinterprètent le modèle du Familistère. Deux étages plus haut, la salle « Paroles du Familistère » rassemble des témoignages des protagonistes de l’aventure présentés sous forme de courts enregistrements vidéo. Au troisième étage toujours, au n° 25, le visiteur découvre les derniers feux de l’aventure du Familistère, de 1934 à 1968 qui marque la fin de l’expérience avec la dissolution de l’Association coopérative du capital et du travail. Place à une large sélection d’objets (du poêle au réfrigérateur), à des affiches et albums qui offrent un panorama de la production de la Maison Godin. Un peu plus loin est reconstituée une scène d’intérieur de 1968. Au centre du salon trônent un fauteuil en Skaï et un poste de télévision massif sur l’écran duquel défilent des images des grèves de mai. Au Familistère, il n’est alors question que de l’annonce de la décision prise le 22 juin 1968 de dissoudre l’association et des mouvements sociaux qui s’annoncent.

LE FAMILISTÈRE

02120 Guise, tél 03 23 61 35 36, www.familistere.com, mars-octobre tlj sauf le lundi 10h-18h, novembre-février tlj sauf le lundi 10h-18h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°416 du 20 juin 2014, avec le titre suivant : Les dernières utopies de Guise

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