Japon

Les défis de l’art contemporain

Le Journal des Arts

Le 19 novembre 2004 - 495 mots

 TOKYO - Le Musée d’art contemporain du XXIe siècle (The 21st Century Museum of Contemporary Art) a ouvert ses portes le 13 octobre à Kanazawa, au Japon. Le nouveau musée est consacré à l’art de 1980 à nos jours. D’un coût de 11,3 milliards de yens (83,64 millions d’euros), l’édifice, conçu en étroite collaboration entre les conservateurs et le cabinet d’architecture SANAA basé à Tokyo, a pour mission de réconcilier le public japonais avec l’art contemporain. Huit ans ont été nécessaires à la réalisation de la structure circulaire en verre transparent, de 112,50 m de diamètre et dotée de multiples entrées. Celle-ci renferme quatre cours intérieures, des galeries d’exposition mais aussi une bibliothèque, un auditorium et un atelier pédagogique.
Yutaka Mino, le directeur du musée, est conscient de la délicatesse de la tâche qui l’attend. « La plupart des musées japonais qui exposent de l’art contemporain éprouvent des difficultés, tout le monde devient nerveux à la seule mention du terme “art contemporain”, et la fréquentation de telles expositions est souvent faible. » Sa mission est d’autant plus ardue qu’il partage son emploi du temps entre son poste à Kanazawa et celui de directeur du Musée municipal d’art à Osaka. Yutaka Mino est revenu au Japon en 1996 après vingt-six ans passés dans diverses institutions aux États-Unis, parmi lesquelles l’Art Institute of Chicago où il était conservateur d’art asiatique.
Tamotsu Yamade, le fringant maire de Kanazawa, est à l’origine de ce projet entièrement financé par des fonds publics. Il a offert le poste de directeur du musée à Yutaka Mino il y a un an et demi. « À mon arrivée, les temps étaient durs, se souvient ce dernier. Les gens me demandaient : “Pourquoi achetez-vous toute cette camelote ?” J’ai donné une centaine de conférences dans différentes localités pour expliquer que ce musée pouvait véritablement changer la ville. »
L’institution a déjà fait l’acquisition de 200 œuvres, déboursant près de 7,86 millions d’euros. Parmi les artistes, citons Takashi Murakami, Dominique Gonzalez-Foerster, Fabrice Hyber, Philippe Parreno, Olafur Eliasson et Doug Aitken. Parallèlement, huit pièces ont fait l’objet d’une commande, parmi lesquelles L’Origine du monde d’Anish Kapoor, le Blue Planet Sky de James Turrell et la fausse piscine de Leandro Erlich. Mais l’œuvre la plus étonnante est le Pont vert de Patrick Blanc, un mur haut de 5 m et long de 13, recouvert de 3 000 plantes sélectionnées par l’artiste.
Le conservateur en chef du musée, Yuko Hasegawa, responsable du pavillon japonais de la Biennale de Venise 2003, s’est entouré d’un comité consultatif formé de Neil Benezra, directeur du SFMoMA de San Francisco, Lars Nittve, directeur du Moderna Museet de Stockholm, et Alfred Pacquement, directeur du MNAM à Paris. Yutaka Mino espère attirer 340 000 visiteurs au cours de cette première année. Il se réjouira certainement des 60 000 visiteurs venus dans les six premiers jours d’ouverture. « J’aimerais que les gens voient à quel point l’art contemporain peut être fort, dit-il, et même amusant. »

www.art.city.kanazawa.ishikawa.jp

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°203 du 19 novembre 2004, avec le titre suivant : Les défis de l’art contemporain

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