Asie

Les américains au chevet du patrimoine

Un colloque international en Thaïlande en janvier

Le Journal des Arts

Le 1 décembre 1994 - 500 mots

Le flot de touristes qui envahit chaque année les temples et les autres sites des pays d’Asie menace le patrimoine de cette région. Les gouvernements des pays concernés paraissent peu enclins à renoncer aux devises qu’apportent ces visiteurs. Une conférence sur \"la préservation du patrimoine culturel de l’Asie\" doit se tenir à Chiangmai, en Thaïlande, du 11 au 14 janvier 1995.

NEW YORK - Organisée sous l’égide de l’Asia Society de New York, avec le concours du World Monuments Fund, une association de mécènes active en Asie du Sud-Est, ce forum doit réunir des représentants du Getty Conservation Institute et de la société thaïlandaise Siam. Il peut paraître singulier, de nos jours, que ce soit des mécènes occidentaux qui amènent des pays asiatiques à se réunir autour d’une table de conférence.

Mais, selon Vishaka Desai, de l’Asia Society, l’organisation de ce genre de rencontres multilatérales "est encore embryonnaire" en Asie. C’est dans l’espoir de rééquilibrer des intérêts divergents, voire contradictoires, que la conférence se propose de mettre en contact près de trois cents participants : hommes d’affaires, spécialistes de la culture et représentants des pouvoirs publics.

Le thème de la rencontre a été circonscrit à l’architecture et aux monuments in situ. Sur la liste des sites les plus menacés figurent ainsi les temples d’Angkor, le Taj Mahal, détérioré par la pollution industrielle, les grottes d’Ajanta, où les plus vieilles fresques bouddhiques du monde sont victimes du dioxyde de carbone exhalé quotidiennement par 20 000 visiteurs, ainsi que les centaines de sites archéologiques menacés d’engloutissement par le colossal projet de barrage sur le Yang Tsê Kiang. Dans le seul Afghanistan, des milliers de monuments tombent en ruines du fait de la guerre.

Le problème crucial est celui du manque d’argent, immédiatement suivi par celui de l’absence de politique clairement définie de la part des différents États pour harmoniser développement économique et protection du patrimoine culturel. Néanmoins, le directeur du Getty Conservation Institute, Miguel Angel Corso, fin connaisseur du tourisme culturel, estime que les agences de voyages commerciales "commencent à comprendre que les sites culturels ne sont pas des ressources renouvelables."

En outre, même les pays les plus pauvres de la région – le Laos, en particulier – paraissent aujourd’hui soucieux de développer des politiques de prévention. Depuis plus d’une décennie, le Viêt-nam, malgré la faiblesse de ses ressources, a restauré ses monuments avec l’aide de la France, de l’Allemagne et de la Pologne. Certains spécialistes font même observer que le prétendu pillage des sculptures d’Angkor est très largement exagéré.

La Chine est également concernée, "en partie parce que c’est un moyen d’avoir de l’argent pour entretenir et protéger les sites". Un projet commun de recherches est en cours à Dunhuang, sur la route de la Soie, conduit par l’Institut Getty et les autorités chinoises.

Les problèmes que soulèvent la préservation du patrimoine culturel en Asie ne font que commencer : certains conservateurs avouent que plusieurs sites ne pourront être sauvés ni de l’évolution économique, ni du vandalisme, ni de la négligence.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°9 du 1 décembre 1994, avec le titre suivant : Les américains au chevet du patrimoine

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