Le trésor était dans la 905

Le Journal des Arts

Le 1 juin 1995 - 472 mots

La récente découverte d’une tombe inviolée depuis le IIe siècle, dans le cimetière de Mtskheta, à quelques kilomètres au nord de Tbilissi, a mis au jour un ensemble de mobilier funéraire particulièrement riche.

GÉORGIE - Bien des éléments ont leur équivalent dans d’autres sépultures aristocratiques de Mtskheta, mais on a rarement mis au jour un ensemble de mobilier funéraire aussi riche que celui de la tombe 905. Cela est dû sans doute au fait que cette tombe en pierre était restée inviolée jusqu’à sa récente découverte par les archéologues de la mission de Mtskheta. Active depuis vingt ans, celle-ci a méthodiquement exploré les environs de ce qui était la capitale de l’ancien royaume caucasien d’Ibérie, dont la richesse est attestée par l’envoi, au IIe siècle, d’un ensemble de trois cents "vêtements brodés d’or" destinés à l’empereur Hadrien.

La tombe 905 contenait les restes de deux femmes. Entre leurs têtes était placé un plat d’argent, contenant un remarquable ensemble de matériel : des monnaies d’or de Néron et d’Hadrien, trois anneaux d’or ornés de camées, un anneau sigillaire, deux paires de boucles d’oreille en or, un couvre-lèvre en or, un flacon en sardoine, un scarabée en saphir, des perles de saphir et de cristal de roche.

Plus remarquable encore, la présence, sur la poitrine de l’un des squelettes, d’un sceau-cylindre mésopotamien en hématite, datable de la première moitié du IIe millénaire av. J.-C., et, sous la tête de l’autre, d’un sceau pyramidal achéménide en calcédoine, datable du milieu du Ier millénaire av. J.-C. Ces deux objets étaient déjà des "antiquités" au moment des inhumations.

On a également retrouvé plusieurs pièces d’argenterie, dont une bonne partie a été importée de l’Empire romain. Un des plats en argent présente une inscription en parthe, dont le déchiffrement est controversé, mais qui comporte à coup sûr le nom de Tiridatès. On pourrait avoir ainsi la preuve d’échanges de cadeaux entre les aristocraties des deux royaumes.

Mentionnons encore, pour l’argenterie, une paire d’aiguières et un canthare d’un type courant dans le monde romain, ainsi qu’une monnaie d’Hadrien frappée en Cappadoce, douze deniers d’Auguste et dix-huit drachmes du roi parthe Gotarzès (40/41-51 de notre ère). Les monnaies donnent un précieux terminus ante quem –  la plus récente a été frappée en 125-128 –, et témoignent de la position privilégiée de l’Ibérie entre Rome et le royaume Parthe, c’est-à-dire entre les deux États les plus puissants de l’époque.

Parmi les autres découvertes, un coffret et un miroir d’argent, des feuilles d’or stylisées provenant de diadèmes funéraires, des perles d’or incrustées de turquoise et de cornaline. On a également trouvé, comme dans pratiquement toutes les riches tombes de Géorgie, pas moins de 216 petites rondelles d’or pourvues d’une bélière au dos. Elles étaient probablement cousues sur les vêtements, peut-être à la manière des "vêtements brodés d’or" expédiés à l’empereur Hadrien ?

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°15 du 1 juin 1995, avec le titre suivant : Le trésor était dans la 905

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