Archéologie

Le temps des Gaulois

Élégance et rigueur caractérisent la nouvelle aile gauloise du Musée national des Antiquités

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 27 mars 2012 - 531 mots

SAINT-GERMAIN-EN-LAYE - Les Gaulois ont la cote. Alors que l’exposition de la Villette bat des records de fréquentation (plus de 130 000 visiteurs depuis l’ouverture mi-octobre), et quelques jours avant l’ouverture du Centre d’interprétation Alésia (lire l’article ci-dessus), le ministre de la Culture a inauguré la nouvelle aile gauloise du Musée national des Antiquités (MAN), le 8 mars dernier.

Cette date n’a pas été choisie au hasard puisqu’elle correspond, jour pour jour, au 150e anniversaire du musée (lire le JdA n° 363, février 2012, p. 7) créé par décret sous Napoléon III et ouvert cinq ans plus tard, en mai 1867. Installé dans le château de Saint-Germain-en-Laye, le musée avait été conçu pour accueillir les fruits des fouilles archéologiques lancées par l’empereur français, notamment les objets exhumés dans la plaine des Laumes à Alise-Sainte-Reine (Côte-d’Or) sur le site de l’ancienne Alésia, dont l’institution conserve désormais les plus beaux exemples. Les espaces gaulois étant fermés au public depuis neuf ans, l’événement était pour le moins attendu. Rénové à la lumière des recherches récentes, le parcours réunit près de 1 350 objets (dont nombre de pièces inédites), restaurés pour l’occasion. Ces vestiges évoquent l’organisation sociale, économique et religieuse des tribus gauloises et retracent les grands épisodes qui ont marqué leur histoire. Outre les vestiges issus des fouilles entreprises dans les années 1860, des découvertes récentes sont également dévoilées aux visiteurs, tels les éléments des tombes à char mis au jour à l’aéroport de Roissy présentés au centre de l’espace consacré à l’» aristocratie » gauloise.

Scénographie efficace
De grandes vitrines centrales les révèlent au public dans toute leur authenticité. Dans chaque salle, des découvertes archéologiques majeures sont ainsi mises en exergue au cœur de l’espace d’exposition. Suggérant la présence de l’armée gauloise en marche contre Jules César, dans une vitrine de plus de quatre mètres de long, des lances, épées et casques exhumés à Alésia, sont accrochés comme s’ils étaient portés par les fantômes des troupes menées par Vercingétorix. À la fois sobre et imposante, la scénographie prend le parti de n’avoir recours à aucun de ces artefacts ou élément multimédia dont les musées sont aujourd’hui si friands. Toutefois, si les vitrines centrales sont très réussies, on peut regretter la relative monotonie des vitrines latérales. Sur un fond en bois (clin d’œil aux matériaux utilisés par les Gaulois), les pièces de monnaies, bijoux et autres vestiges sont sagement alignés, sans rien d’autre que des cartels sommaires pour exciter l’imagination du spectateur. Ce choix a le mérite de ne pas sacrifier le scientifique à la fantaisie, mais il prend aussi le risque de ne pas mettre en relief certains aspects de la réalité du monde gaulois. En guise de conclusion, des films sur les dernières découvertes de l’Institut national de recherches archéologiques préventives sont diffusés tandis qu’une exposition temporaire retrace l’histoire du musée et de ses collections gauloises (jusqu’au 4 septembre). L’ensemble met en lumière le raffinement du monde gaulois et participe à renouveler la vision d’un âge trop longtemps considéré comme archaïque.

MUSÉE DES ANTIQUITÉS

Conception scientifique, muséographique et scénographique : Laurent Olivier, conservateur en chef du département des âges du Fer, et Joëlle Brière, assistante de conservation.
Nombre d’œuvres exposées : 1 350

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°366 du 30 mars 2012, avec le titre suivant : Le temps des Gaulois

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