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Le Quai Branly veut mieux comprendre les nations autochtones d’Amérique du Nord

Par Julie Goy, correspondante en Espagne · lejournaldesarts.fr

Le 11 février 2022 - 425 mots

PARIS

Le projet Croyan s’appuie sur l’étude d’objets collectés entre 1650 et 1850 et conservés par le musée.

Préparation de la peau pour analyse ENGIE. © Musée du quai Branly - Jacques Chirac/Photo Julien Brachhammer
Préparation de la peau pour analyse ENGIE.
© Musée du quai Branly - Jacques Chirac / Photo Julien Brachhammer

Le programme de recherche Croyan (pour Collections Royales d’Amérique du Nord) est né fin 2019, sous l’impulsion de Paz Núnez-Regueiro, conservatrice en chef du patrimoine du Musée du Quai Branly. Il porte sur l’important fonds des Collections royales d’Amérique du Nord, dont les 250 pièces ont été collectées entre 1650 et 1850 et sont désormais majoritairement conservées au Musée du quai Branly – Jacques Chirac. Il constitue un témoignage matériel majeur des cultures autochtones, qui évoluèrent profondément au XIXe siècle, à la suite de la colonisation occidentale.

Le programme est pensé en trois volets, avec l’étude documentaire des pièces dans un premier temps. L’analyse croisée des sources primaires disponibles (écrites, visuelles et matérielles) permet d’identifier avec précision l’origine, les fonctions et usages des objets.

La matérialité des objets est ensuite une source importante d’informations. L’étude d’une rare coiffe des Plaines centrales ou méridionales d’Amérique du Nord, datée de 1740, a notamment permis de déterminer les techniques de sa fabrication. « La connaissance précise des caractéristiques de l’objet permet de définir un protocole de restauration adapté, l’idée étant de remettre aux normes l’ensemble de la collection afin qu’elle puisse voyager à la rencontre des communautés d’origine », explique Paz Núnez-Regueiro au Journal des Arts

Le contact direct avec les différentes nations amérindiennes est enfin requis pour réfléchir communément à la valorisation des collections auprès des publics français et nord-américains. La nation Choctaw a ainsi collaboré étroitement à l’exposition « La curiosité d’un Prince », présentée en 2021 à la bibliothèque de Versailles. 

Du 8 février au 15 mai 2022, au Musée du Quai Branly, l’exposition « Wampum. Perles de diplomatie en Nouvelle-France », présente l’ensemble des collections françaises de Wampum, des colliers réalisés à partir de perles de coquillages d’Amérique du Nord, véritables outils de diplomatie. « L’objet était au centre des relations sociales aux XVIIe et XVIIIe siècles dans cette région du monde. À ce titre, il témoigne de la rencontre coloniale entre les Français et les nations sur le territoire d’Amérique du Nord ». L’exposition sera ensuite présentée en itinérance au Seneca Arts and Culture Centre de New York et au Musée McCord de Montréal.

Sur le long terme, le projet Croyan vise à pérenniser les échanges et les rencontres avec les communautés autochtones, pour leur permettre de découvrir « l’influence qu’a eu leur histoire en France, afin qu’ils repartent avec leur propre récit de ce qu’a représenté la Nouvelle-France – l’ensemble des territoires nord-américains colonisés par la France entre 1534 et 1763 – et qu’ils s’approprient cette histoire »

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