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Le Musée Maritime de La Rochelle réduit sa voilure

Par Margot Boutges · lejournaldesarts.fr

Le 5 août 2014 - 680 mots

LA ROCHELLE [05.08.14] - La nouvelle municipalité l’a décidé : Le redéploiement sur la terre ferme du Musée Maritime de La Rochelle sera considérablement réduit. Le chantier, entamé en 2013, s’arrêtera à sa première tranche de travaux.

Amarrés au Nord-ouest du bassin des chalutiers sur le vieux port de La Rochelle, quatre navires des années 1950-1960 (le France 1, l’Angoumois, le Manuel-Joël et le Saint Gilles) constituent le circuit actuel de visite du Musée Maritime. En 2013, une galerie de pavillons coiffée de cercles colorés, dessinée par l’architecte Patrick Bouchain, sortait de terre. Cette construction devait être la première tranche d’un large chantier de redéploiement du musée municipal sur la terre ferme au Sud-est du bassin des chalutiers.

Mais Jean-François Fountaine, maire (divers gauche) depuis mai 2014, a confirmé son programme de campagne : les travaux s’arrêteront là. La rénovation et la remise en fonction du slipway, la construction d’un sémaphore, l’édification d’un hangar visitable et l’installation d’un vaste centre d’interprétation dans la halle à marée (1)… voulus par Maxime Bono - maire (PS) de 1999 à 2014 - ont été annulés.

« Ces chantiers qui auraient mobilisé 9,5 millions d’euros ne sont pas prioritaires au vu de la situation financière de la Ville, loin d’être florissante », explique Emmanuel de Fontainieu, élu chargé des musées. « On se concentre sur l’existant avec l’ouverture en avril 2015 de la galerie des pavillons qui abritera les espaces d’accueil et une exposition permanente consacrée à l’histoire portuaire de la ville », explique-t-il. Le France 1, l’Angoumois, le Manuel-Joël, le Saint Gilles et les autres navires (2) classés Monuments Historiques qui composent la flotte patrimoniale de la Ville seront quant à eux rapatriés aux abords du nouveau musée. Le long parcours de visite du France 1 ne sera pas modifié.

Si la décision d’annuler la construction d’un sémaphore de 27 mètres est approuvée par beaucoup - le bâtiment, geste architectural de Patrick Bouchain, était très décrié - celle de se passer de l’édification d’un hangar visitable censé abriter la rénovation des yachts classiques, est plus critiquée. Ces navires de plaisance construits avant 1968, font partie intégrante du paysage du musée en échange d’une réduction sur la redevance d’amarrage pour leurs propriétaires privés. « Il est actuellement difficile pour les propriétaires de faire rénover leurs yachts », explique Nathalie Fiquet, directrice du musée maritime. « Les chantiers navals de la ville sont bondés et il y a beaucoup d’attente. Un espace dédié serait vraiment nécessaire. » « On réexaminera à nouveau l’idée de ce genre de hangar au cours des années à venir », promet Emmanuel de Fontainieu. « Mais ce n’est pas une priorité ».

Car d’autres chantiers culturels attendent la municipalité. Depuis la fermeture du Musée d’Orbigny-Bernon en 2012, les collections d’arts décoratifs et asiatiques de la Ville ne sont plus exposées. L’Hôtel de Crussol d’Uzès, qui abrite le musée des beaux-arts sur son deuxième étage, pourrait accueillir ces œuvres au sein d’un édifice dédié dans l’intégralité de ses espaces à l’histoire de la ville et de ses collections artistiques. Présenté en 2011 aux élus par l’équipe du musée, ce projet de redéploiement sur trois étages était resté en sommeil, la priorité étant alors le Musée Maritime. La réduction de voilure de ce dernier débloquera-t-il des fonds pour l’Hôtel de Crussol d’Uzès ? « Les choses semblent bouger », observe Annick Notter, directrice des musées d’art et d’histoire. « Un programmiste sera sélectionné en aout-septembre et il devrait rendre son étude de faisabilité courant 2015 ».

« Notre but est de rassembler tous nos musées autour du même axe : raconter l’histoire de la ville », explique Emmanuel de Fontainieu, soulignant que les musées rochelais ne drainent que peu de public, en dépit de l’attrait touristique de la ville, la sixième la plus visitée de France en 2013.

Notes

(1) qui accueille à l’heure actuelle les bureaux, les réserves et un petit hall d’exposition
(2) A l’exception de la Drague TD6, entreposée dans l’ancienne base sous-marine de La Pallice, et du Joshua, que l’Association du musée maritime de La Rochelle fait naviguer.

Légende photo

La Galerie des Pavillons du Musée Maritime de La Rochelle - © Photo Jean-Pierre Bazard - 2014 - Licence CC BY-SA 3.0

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