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Le Musée du Gévaudan renaît à Mende

Par Alexandre Clappe · Le Journal des Arts

Le 16 novembre 2022 - 636 mots

La préfecture de la Lozère retrouve enfin son musée, rénové et étendu. Un équipement culturel bienvenu.

Mende (Lozère). Il était resté fermé pendant vingt-sept ans. Le Musée du Gévaudan a rouvert ses portes le 18 octobre à Mende, en présence de la présidente de la Région Occitanie, Carole Delga. Doté d’un fonds riche de plus de 16 000 pièces – dont il en expose 500 –, le musée retrace l’histoire du département de la Lozère, créé à la Révolution sur les bases de l’ancien évêché du Gévaudan. Labellisé « Musée de France », le musée se veut accessible à tous, à la fois « non élitiste et convivial », selon les termes de sa directrice, Nadia Harabasz. L’entrée y est ainsi gratuite pour les visites libres.

Le travail de rénovation et d’extension a été conduit pendant trois ans par des entreprises et artisans locaux grâce à un budget de 9 millions d’euros. La Région Occitanie est le premier financeur avec 2,6 millions d’euros déboursés, auxquels se sont adjointes les contributions du Département, de l’État, de l’Europe et de la Ville.

Lumineuse cour intérieure

Le visiteur pénètre dans le musée par sa cour intérieure, séparant les maisons sur la rue de l’hôtel particulier du XVIIe siècle inscrit au titre des monuments historiques où sont exposées les collections. L’hôtel de Ressouches a longtemps abrité l’usine électrique de la ville, aujourd’hui camouflée par le travail des architectes Emmanuel Nebout (auteur de la restauration du Musée de l’Homme à Paris) et Hélène Brouillet. Les architectes ont recouvert la cour intérieure d’une verrière et décoré l’une des façades d’un bois de frêne local, transformant cet espace en un patio lumineux qui fait office d’accueil. Le musée se déploie sur 1 200 mètres carrés répartis entre le rez-de-chaussée et deux étages. On accède aux collections en passant la porte en pierre de l’hôtel et en empruntant un imposant escalier qui mène à l’exposition permanente. Les premières salles consacrées à la nature abordent les thèmes de l’eau – richesse majeure de ce département, surnommé « le Pays des sources ») –, de la terre, de la flore et de la faune. Figurent aussi ici un sarcophage d’enfant en tuf mérovingien, une gargouille du XIVe siècle provenant de la cathédrale de Mende. Puis le visiteur passe sous une volière abritant une multitude d’oiseaux naturalisés de la région.

Les salles suivantes offrent un voyage chronologique à travers la culture du territoire, de la préhistoire à nos jours. Elles abritent les deux clous de la visite. D’abord la salle des Vertus, au plafond couvert de fresques du XVIIe siècle, d’après des peintures de Simon Vouet ; celles-ci ont demandé six mois de restauration. Ensuite la salle consacrée à la Bête du Gévaudan, qui fit plus d’une centaine de victimes au XVIIIe siècle et marqua profondément les esprits. Deux vitrines se font face : l’une est consacrée à l’histoire et à la chronologie des faits, l’autre montre des représentations artistiques de la bête. Complète l’évocation de ce mystère une impressionnante sculpture de l’animal réalisée en 2019 par l’artiste Lionel Sabatté. Sa Bête est constituée d’une structure métallique couverte de monceaux d’une poussière recueillie auprès des habitants. Les dernières salles mettent en lumière des artistes lozériens des XIXe et XXe siècles à l’instar de Victorin Galière.

Le parcours, fluide, évite la sensation du trop-plein en cherchant d’abord à susciter la curiosité et l’émerveillement grâce à un travail minutieux mené sur l’agencement des vitrines ou le décor des salles. Le dernier étage regroupe quatre salles d’expositions temporaires et des ateliers destinés aux scolaires et au grand public. Le musée propose des dispositifs participatifs, à l’image d’une grainothèque, et se veut un lieu de vie, avec librairie-boutique et espace détente.

L’établissement devrait contribuer à redynamiser l’attractivité de la ville, un territoire jusqu’ici peu doté en équipements culturels. Son ambition est d’accueillir 25 000 visiteurs par an.

Musée du Gévaudan,
3, rue de l’Épine, 48000 Mende, horaires et jours d’ouverture variables selon saison, www.musee-du-gevaudan.fr

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°599 du 18 novembre 2022, avec le titre suivant : Le Musée du Gévaudan renaît à Mende

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