Le mauvais sort de la Wallace Collection

Des spécialistes au secours de l’institution londonienne

Le Journal des Arts

Le 1 mars 1996 - 458 mots

Sous la direction énergique de Rosalind Savill, le département conservation de la Wallace Collection a revu sa politique de restauration, jugée abusive par certains. Mais une partie du mobilier et des objets d’art souffre de problèmes inquiétants : apparition de taches noires sur les bronzes dorés, oxydation de la marqueterie de cuivre…

LONDRES (de notre correspondante) - La présence de taches noires sur quelques bronzes dorés de la Wallace Collection est particulièrement alarmante. L’analyse pratiquée par David Scott, du Getty Museum, a détecté la présence de sulfure de laiton sur une pendule en bronze doré. D’autres pièces du mobilier souffrent du même mal, et plusieurs traitements sont actuellement à l’étude. L’oxydation de la marqueterie de cuivre est également inquiétante. Elle pourrait résulter des conditions d’entreposage ou de nettoyage pendant la guerre. En outre, d’autres taches mystérieuses apparaissent sur certaines marqueteries de bois. Elles auraient été causées, dans les années soixante, par l’emploi d’un mélange de glycérol et d’ail pour raviver le bois, les tests ayant révélé que le coupable pourrait être non pas l’ail, mais l’huile de cannelle utilisée.

En 1991, l’expert en mobilier de Sotheby’s à Paris, Alexandre Pradère, publiait dans Connaissance des Arts une charge anonyme sur la manière dont la Wallace Collection restaurait son mobilier de valeur. Il comparait la finition de certaines pièces revernies à celle des radios en bakélite, ajoutant que la réfection des sièges n’aurait pas déparé sur un yacht de Marbella.

Peu après, lorsque Rosalind Savill fut nommée à la tête de la Wallace Collection, elle décida de créer un groupe d’experts réunissant d’éminents restaurateurs, conservateurs, historiens de l’art et chercheurs américains, britanniques et européens, où figurent notamment Brian Considine, du Getty Museum, Pierre Ramon, de l’École Boulle, et Barbara Roberts, de Seattle. Leur première réunion, qui s’est tenue au mois de novembre 1993, a été suivie de quatre autres et d’un voyage d’études à Paris.

Des restaurations plus légères
D’une façon générale, un traitement "plus doux, moins agressif" des objets de la collection a été adopté et, dans de nombreux cas, les restaurateurs se sont limités à leur rendre l’aspect qu’ils devaient avoir il y a un siècle environ, afin d’éviter des interventions trop lourdes. L’atténuation des dorures récemment restaurées, dont l’éclat a suscité quelques critiques, figure également  à l’ordre du jour.

Au nombre des restaurations majeures en cours d’achèvement, celle de la balustrade du grand escalier devrait être terminée à la fin de l’été. L’examen des ferrures aux rayons X a montré qu’elles n’avaient jamais été dorées au mercure. Elles sont en réalité en cuivre et non en bronze, peut-être parce que ce métal, plus léger, permet une plus belle finition. Le châssis de la balustrade a révélé sa couleur verte d’origine, une finition courante des ferronneries dans les années 1850.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°23 du 1 mars 1996, avec le titre suivant : Le mauvais sort de la Wallace Collection

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