Le lustre retrouvé de La Pietra

La villa léguée par Sir Harold Acton fait l’objet d’une campagne de restauration

Le Journal des Arts

Le 30 mai 2003 - 516 mots

En février 1994 disparaissait Sir Harold Acton, âgé de près de quatre-vingt-dix ans. En guise d’héritage, le critique d’art, poète, écrivain, collectionneur et mécène a légué à la New York University School of Law sa villa florentine, La Pietra. Aujourd’hui résidence italienne de la prestigieuse université américaine, la villa renaît après quatre ans de travaux.

FLORENCE - Lorsque les époux Acton s’installent à la villa La Pietra en 1903, ils redonnent au bâtiment du XVe siècle sa splendeur d’antan : tandis que les jardins retrouvent leur style typiquement toscan, la maison s’enrichit de tapisseries, peintures, sculptures et mobilier de grande valeur, perpétuant ainsi la grande tradition, au XIXe siècle, des demeures italiennes appartenant à des collectionneurs anglo-saxons.
Né dans la villa, leur premier fils, Harold, fréquenta l’université d’Oxford et voyagea jusqu’en Chine avant de s’installer définitivement à Florence à partir des années 1950. Il aimait se considérer comme le “gardien” de la collection, soulignant que ce patrimoine riche d’environ 5 000 objets d’art était le produit de choix familiaux. Parmi les chefs-d’œuvre, auxquels se mêlent de nombreux objets et souvenirs personnels, citons une Vierge à l’Enfant de Bernardo Daddi, une Sainte famille attribuée à Giorgio Vasari, deux reliefs en papier mâché de Jacopo Sansovino et plusieurs Madones en stuc polychrome traditionnellement attribuées à Lorenzo Ghiberti et plus récemment associées au style de Filippo Brunelleschi.
En l’espace d’un siècle, la villa est devenue le lieu de rencontres de personnalités du monde culturel – artistes, écrivains et acteurs – mais également politique, de Gabriele D’Annunzio à Graham Green, en passant par Bernard Berenson, Henry Moore ou Bill et Hillary Clinton.
Après la disparition de Sir Harold Acton en 1994, la Pietra a été donnée à la New York University School of Law. Elle accueille aujourd’hui des étudiants venus du monde entier, mais reste un haut lieu réservé aux conférences et colloques internationaux.
Entre 1998 et 2001, l’édifice principal a subi une restauration complète supervisée par Rudolph Rooms, réhabilitant 160 pièces, désormais mises aux normes de sécurité et climatisées. Entourée du spécialiste en horticulture Nick Dakin-Elliot, et d’un groupe d’experts en jardins italiens, dont certains avaient déjà travaillé pour Sir Harold, l’architecte paysagiste anglaise Kim Wilkie s’est pour sa part consacrée à la reconstitution du jardin néo-Renaissance.
Cette restauration fut l’occasion d’établir un inventaire préliminaire de la collection d’art qui, grâce à des photographies d’époque, a été réinstallée à l’identique après avoir subi des opérations de conservation et de consolidation – en particulier pour les sculptures polychromes et les tapisseries médicéennes, flamandes et françaises. Une collaboration poussée entre les restaurateurs de L’Opificio Delle Pietre Dure, à Florence, et ceux de l’Institute of Fine Arts de la New York University a favorisé le dialogue entre les différentes méthodologies. “Notre intention est de conserver l’esprit d’une maison qui a vécu, et qui porte naturellement l’empreinte du temps”, précise Francesca Baldry, chargée de la conservation des collections. Les prochaines étapes concernent, entre autres, l’inventaire complet de la collection Acton, l’organisation d’un plan de conservation préventive de la maison-musée, et le développement d’un programme d’ouverture au public de la villa et du jardin.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°172 du 30 mai 2003, avec le titre suivant : Le lustre retrouvé de La Pietra

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