Italie - Restitutions

Le Louvre pourrait rendre des objets pillés à l’Italie 

Par Louise Wagon · lejournaldesarts.fr

Le 19 juillet 2023 - 442 mots

PARIS

L’Italie réclame sept objets antiques acquis par le Louvre entre 1983 et 1998 suspectés d’être issus de fouilles illégales. 

Après une première demande infructueuse en 2018, l’Italie a renouvelé sa requête auprès de la nouvelle présidente-directrice du Louvre, Laurence des Cars, en réclamant la restitution de sept objets antiques à l’origine douteuse, a annoncé le musée parisien vendredi 14 juillet.

Acquises entre 1982 et 1998 par le Louvre, les œuvres sont liées aux marchands d’antiquités italiens, Giacomo Medici et Giovanni Franco Becchina, condamnés pour trafic illicite d’antiquités grecques, romaines et étrusques

Le lien entre ces objets et les marchands d’art a été établi à partir d’archives photographiques saisies lors de perquisitions. En 1995, des polaroïds, des documents et des objets avaient été saisis dans l’entrepôt de Giacomo Medici par la police italienne et ont par la suite servi de pièces à conviction, permettant de retracer l’itinéraire des œuvres qui proviennent de fouilles et de pillages illégaux de tombes. En 2001, les archives photographiques du galeriste Giovanni Franco Becchina sont également confisquées par les autorités suisses et remises aux Carabinieri. Ces documents avaient conduit à la condamnation des deux marchands en 2004.

En consultant ces archives, un couple d’archéologues retraités du ministère de la Culture italien a identifié quatre pièces antiques acquises par le Louvre. Selon Le Monde, il s’agit de vases antiques du IVe siècle avant J.-C., attribuées au Peintre d’Ixion, d’un cratère datant du Ve siècle avant J.-C. du Peintre d’Antiménès, ainsi que d’une paire de néréides du IVe siècle avant J.-C., originaires de Pouilles (région sud de l’Italie). 

De son côté, l’archéologue Christos Tsirogiannis a repéré une tête d’Héraclès du Ve siècle avant J.-C., provenant de l’ancienne cité étrusque de Cerveteri, ainsi qu’une amphore noire du Ve siècle avant J.-C., attribuée au Peintre de Berlin. Les polaroïds de Giacomo Medici montrent l’amphore au moment de sa mise au jour puis une fois restaurée, preuve qu’elle provient, elle aussi, de l’entrepôt saisi en 1995. 

En février 2023, Gennaro Sangiuliano, le ministre italien de la Culture, a rencontré Laurence des Cars pour discuter d’un retour des œuvres litigieuses. « Je considère que les œuvres dont la provenance est douteuse sont une tache dans les collections du Louvre. Nous devons examiner [ces cas] avec rigueur et lucidité », a déclaré la directrice du Louvre au Monde. Le musée français doit désormais finaliser ses propres vérifications et transmettra, à l’automne, une recommandation au ministère de la Culture. 

Laurence des Cars a par ailleurs annoncé la création de deux postes dédiés à la vérification des provenances de la collection du Louvre. Elle explique que « l’étude des provenances est désormais une question aiguë, scientifiquement, symboliquement et politiquement »
 

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