Lancés en 2023, les travaux sur les façades et toitures se poursuivent désormais au niveau de la troisième aile.

Écouen (Val-d’Oise). Palmettes, rinceaux, chérubins ailés, bucranes à l’antique… Au fur et à mesure que le château d’Écouen retrouve une façade propre et restaurée, le décor se fait plus lisible, foisonnant de petits détails. Une remise en état bienvenue, et surtout indispensable alors qu’aucune intervention n’avait été menée depuis plus de cinquante ans. « Il était nécessaire de remédier aux désordres constatés au niveau de la cour », appuie Thierry Crépin-Leblond, le directeur du château, ajoutant que ces travaux « s’inscrivent dans un mouvement de longue haleine, de remise en état globale de l’ensemble du château ». Deux premières campagnes de restauration avaient été entreprises, de 2011 à 2015, pour restaurer les façades extérieures et le pavage de la cour. L’Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la Culture (OPPIC), qui assure la maîtrise d’ouvrage, a cette fois-ci géré 9,7 millions d’euros pour en mener une troisième, qui porte sur les façades et toitures côté cour.
Depuis septembre 2023, le chantier suit son cours : la restauration de l’aile sud s’est terminée l’année dernière, celle de l’aile ouest s’est tout juste achevée, et celle de l’aile nord vient de débuter. Une dernière tranche, moins lourde, se concentrera sur l’aile d’entrée construite au XIXe siècle, portant la fin de chantier à fin 2026. « Il y a des fissures, des petites chutes, certaines parties particulièrement fragilisées par les intempéries. On mène donc un important travail de restauration des sculptures, des menuiseries, charpentes, couvertures… Avec à chaque fois, l’enjeu de gérer l’interface entre le musée et le chantier », pointe l’architecte Régis Martin, maître d’œuvre. Car pendant les travaux, le Musée national de la Renaissance – dont le château est le siège – reste ouvert au public. Trente salles sur trente-six sont toujours visitables, le reste servant d’espace de stockage. Des caissons ont donc été aménagés devant les fenêtres pour protéger l’intérieur, et quelques œuvres fragiles ont été déplacées à cause du risque de vibration.
« Ce chantier apporte aussi des acquis très forts sur la connaissance du château, de son architecture, de son évolution », souligne Thierry Crépin-Leblond. Construit entre 1539 et 1555, l’édifice est un chef-d’œuvre d’architecture, mêlant style français et influence italienne. Les architectes Jean Goujon (v. 1510-1567) et Jean Bullant (v.1515-1578) ont modernisé les façades, y introduisant des éléments antiques. Sur l’aile sud, les marbres nettoyés font à nouveau ressortir les inscriptions dorées, jusqu’ici effacées, portant la devise du connétable Anne de Montmorency (1493-1567). La polychromie d’origine a, elle aussi, été restituée. Côté aile nord, l’entreprise Degaine (Vinci Construction) s’attèle à la taille des pierres. Les restaurateurs s’activent sur leur nettoyage, leur éventuel remplacement, et celui du ciment par de la chaux. Les chéneaux sont habillés de plomb, les lucarnes consolidées, les éléments décoratifs restaurés ou reconstitués. Certains vestiges de belle facture, déposés, car trop fragiles, intégreront à terme les collections du musée.
C’est sous l’impulsion d’André Malraux, alors ministre des Affaires culturelles, que le Musée national de la Renaissance s’implante au château d’Écouen en 1977. Le noyau de ses collections : les œuvres postérieures au Moyen Âge jusqu’ici conservées au Musée de Cluny. Dans un intérieur princier, se déploie donc une prestigieuse collection de 3 000 œuvres, mêlant mobilier, orfèvrerie, céramique, tapisseries, mais aussi grands émaux peints et tentures de cuir. Pourtant, loin de la renommée d’autres sites castraux, Écouen demeure bien discret. « Notre fréquentation tourne autour des 50 000 visiteurs, ce qui est très faible par rapport à l’intérêt de la collection, regrette Guillaume Fonkenell, conservateur au musée. La difficulté, c’est que le château est à la fois trop proche de Paris, et trop loin de Paris. » À moins de vingt kilomètres de la capitale, le déplacement ne prend guère l’allure d’une longue équipée, tout en restant long pour un public parisien (qui doit prendre le Transilien puis un bus). Difficile également d’attirer les promeneurs flânant dans le domaine de 19 hectares, bien souvent inconscients du caractère national des collections du musée.
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Le château d’Écouen, en pleine restauration
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°664 du 31 octobre 2025, avec le titre suivant : Le château d’Écouen, en pleine restauration







