Extension

L’art sous de bons auspices

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 2 avril 2004 - 653 mots

Le Musée de l’Hospice-Saint-Roch s’est doté d’une nouvelle aile pour ses œuvres de Papouasie-Nouvelle-Guinée et d’art contemporain.

 ISSOUDUN - Construit entre le XIIe et le XVIe siècle, célèbre pour sa chapelle de style gothique flamboyant, l’ancien Hospice Saint-Roch à Issoudun (Indre ; 15 000 habitants) abrite depuis 1966 un musée dévolu à l’histoire de la ville et de sa région. En 1995, l’édifice fit l’objet de travaux de rénovation et d’extension qui lui permirent de concevoir un parcours plus cohérent pour ses collections (constituées à partir de fouilles préventives) et de se doter de nouveaux espaces (salles de conférence, d’exposition temporaire, ateliers, cabinet d’arts graphiques, centre de documentation). Cinq ans plus tard, en 2000, l’institution recevait deux importantes donations : plus d’un millier d’objets d’art de Papouasie-Nouvelle-Guinée réunis par les frères missionnaires du Sacré-Cœur, et une partie de la collection des artistes Cécile et Fred Deux, comprenant leurs propres créations, des œuvres de Bellmer, Dalí, Velikovic, H. E. Kalinowsky, Sima, Brauner, mais aussi des objets d’art d’Afrique, d’Océanie, des Amériques et d’Asie. L’architecte Pierre Colboc, déjà responsable de l’agrandissement du musée en 1995, fut chargé d’ajouter une nouvelle aile contemporaine à l’ensemble, tandis que sa complice, la muséographe Giovanna Piraina, héritait de la délicate mission de valoriser des collections pour le moins hétéroclites. D’un coût de 1,9 million d’euros, les travaux se sont achevés en 2002. Dans le prolongement de la réalisation de 1995, Pierre Colboc a imaginé quelque 600 m2 d’espaces supplémentaires – le musée dispose à présent de 3 000 m2 – qui jouent sur la perspective, la lumière, et se marient au mieux avec la bâtisse médiévale et son environnement. Sensible à l’histoire de l’édifice, l’architecte a conservé les restes du rempart datant du XVIe siècle, utilisé aujourd’hui comme axe d’orientation du parcours. La nouvelle aile est divisée en deux parties (réservée chacune à l’une des deux donations) par une passerelle baignée de lumière parallèle à la rivière qui coule le long de l’hospice.

Respecter les œuvres sacrées des rituels papous
Giovanna Piraina a, elle aussi, fait preuve d’une grande ingéniosité et d’une réelle modestie, pour créer un parcours limpide et dynamique. « Il était très important de respecter la nature même des objets, en particulier les œuvres sacrées des rituels papous, explique la scénographe. Je voulais aussi que le public ait réellement plaisir à découvrir les pièces exposées et qu’il noue des rapports intimes avec elles. Il fallait que les visiteurs soient constamment surpris, mais aussi qu’ils aient des espaces pour se reposer ». Pour ce, elle a imaginé quantité de solutions : installations en bambou évoquant les cases construites sur pilotis pour exposer les oiseaux naturalisés, vitrines épaisses pour souligner la confidentialité des rhombes (objets sacrés dont la rotation crée un vrombissement suggérant la voix des esprits), socles rappelant des corps en mouvement afin de donner vie aux masques rituels, support en acier brossé dont les reflets font allusion à ceux d’un fleuve pour les maquettes de pirogues, petits cabinets de curiosité...
La deuxième partie, consacrée à la création contemporaine, bénéficie d’agencements similaires. La muséographie met en évidence l’interaction entre l’art du XXe siècle et les créations extra-européennes, dans une présentation des plus intimes propre à l’esprit des collectionneurs. La visite se prolonge dans la partie des expositions temporaires, avec actuellement des textiles datant des années 1960 à 1990. Le musée expose aussi les travaux d’artistes que la ville accueille en résidence depuis 2002. Ainsi d’Eunji Peignard-Kim, qui a choisi le thème du mouton (dont l’élevage est traditionnel à Issoudun) pour réfléchir aux notions de mémoire, d’héritage mais aussi à des questions d’actualité comme le clonage. Des collections archéologiques aux œuvres récentes, le Musée de l’Hospice-Saint-Roch conjugue harmonieusement passé et présent, patrimoine et art contemporain.

Musée de l’Hospice-Saint-Roch

Rue de l’Hospice-Saint-Roch, 36100 Issoudoun, tél. 02 54 21 01 46, tous les après-midi d’avril à octobre, fermé les lundi et mardi du 2 novembre à mars, en janvier et les jours fériés.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°190 du 2 avril 2004, avec le titre suivant : L’art sous de bons auspices

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