Berlin

L’Alte Nationalgalerie regroupe ses œuvres du XIXe siècle

Mais en 1995, le musée fermera pour quatre années de restauration

Le Journal des Arts

Le 1 mai 1994 - 623 mots

L’Alte Nationalgalerie, temple néoclassique d’ordre corinthien édifié, entre 1866 et 1876, sur les plans d’un élève de l’architecte Schinkel, August Stüler, abritait à sa fondation une collection de tableaux du début du XIXe siècle, léguée au roi Guillaume Ier par le banquier berlinois Wagner.

BERLIN - Au cours des décennies qui suivirent, ses trois directeurs, Max Jordan, Hugo von Tschudi et Ludwig Justi, ont acquis des œuvres de Goya, de Canova, de Courbet et des impressionnistes majeurs, et ont donné à la collection une stature internationale. L’un de ces directeurs, le Suisse von Tschudi, fut congédié en 1908 par le roi Guillaume II pour s’être montré justement trop ouvert aux mouvements étrangers et pas assez aux peintres nationaux, en particulier à l’œuvre de l’artiste favori du roi, Anton von Werner. Von Tschudi avait fait venir à Berlin, entre autres, La Conversation de Degas (1884) et Le Moulin près de Pontoise de Cézanne (1897), premières œuvres des deux maîtres français à entrer dans un musée en Europe ! L’incident est significatif de ces années d’avant-guerre, durant lesquelles les idéaux de l’Allemagne wilhelminienne – les concepts de patrie, de sang et de nation – étaient défendus aussi dans le domaine artistique. On ne voulait pas admettre que le style des impressionnistes français pût avoir une sérieuse influence sur l’art moderne de l’époque.

La Deuxième Guerre mondiale a été fatale à la collection : un grand nombre d’œuvres se sont perdues ; une partie de ce qui restait se retrouva en zone occidentale en 1945, tandis qu’une autre gagnait le territoire soviétique. Jusqu’en 1989, 150 œuvres environ ont été présentées dans la Neue Nationalgalerie de Mies van der Rohe, à Berlin-Ouest ; de l’autre côté du Mur, un nombre équivalent d’œuvres revinrent dans le bâtiment d’origine, sur "l’Île des Musées", avec des œuvres contemporaines des artistes de la République démocratique.

Des collections d’œuvres du XIXe siècle
La collection reconstituée se compose aujourd’hui de 367 tableaux, 90 sculptures et 50 dessins regroupés dans une présentation réalisée par l’actuel directeur de la galerie, Peter-Klaus Schuster. Les œuvres sont réparties sur trois niveaux et couvrent une période qui va d’un autoportrait de Raphaël Mengs (1770) à un petit portrait de Max Beckmann (1906). On commence la visite par les fresques provenant de la Casa Bertholdy à Rome, puis l’on traverse les périodes du néoclassicisme, du Biedermeier berlinois et du romantisme (bien que ce dernier soit encore privé de ses meilleures œuvres, actuellement conservées à Charlottembourg, comme les toiles de Caspar David Friedrich par exemple). Au centre du musée, la plus grande salle est consacrée aux impressionnistes, bien représentés par des œuvres de Cézanne, Degas, Monet, Renoir et Pissarro. Schuster a voulu ainsi rendre hommage à l’esprit éclairé de l’un de ses prédécesseurs, von Tschudi, qui eut la malchance de se heurter en son temps à l’étroitesse d’esprit d’une cour – celle des Hohenzollern – encore provinciale. À côté des impressionnistes, nous trouvons les toiles italianisantes et les scènes mythologiques de Feuerbach, Böcklin, Marées et de leurs épigones, Lovis Corinth, Slevogt et Liebermann. La visite s’achève avec cinq salles entièrement occupées par Adolf von Menzel, chroniqueur de la Prusse de Bismarck, de la naissance de la "Grande Allemagne" et de la transformation de Berlin, résidence de cour devenue métropole.

Une restauration pour l’an 2000
Cette présentation n’est pas définitive, puisque le musée fermera en automne 1995 pour subir une restauration complète, dont le budget prévisionnel s’élève à 120 millions de marks (400 millions de francs). Parmi les cinq musées de l’île, le bâtiment de Stüler est celui qui est dans le plus mauvais état. Pour la réouverture prévue en 1999, on ajoutera aux œuvres présentes celles de la Galerie romantique, abritée à l’heure actuelle dans une aile du château de Charlottembourg.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°3 du 1 mai 1994, avec le titre suivant : L’Alte Nationalgalerie regroupe ses œuvres du XIXe siècle

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