L’affaire Chauvet

Les mises en examen se succèdent

Le Journal des Arts

Le 1 février 1997 - 318 mots

Dans la Grotte Chauvet, chevaux, rhinocéros et lions, surpris après 30 000 ans de sommeil, sont les témoins muets et impuissants de batailles juridiques. Dernier épisode, la mise en examen du directeur du Patrimoine.

PARIS - La grotte ornée de Vallon-Pont-d’Arc a déjà suscité deux actions en justice. L’une oppose les propriétaires des terrains à l’État qui veut les exproprier. L’autre, née de la plainte des découvreurs contre l’administration, avait déjà vu les mises en examen du directeur régional des Affaires culturelles (Drac), Patrice Beghain et du conservateur régional de l’Archéo­logie en Rhône-Alpes, Jean-Pierre Daugas, pour "faux en écritures... et usage", avant celle attendue, le 15 janvier, du directeur du Patrimoine, Maryvonne de Saint-Pulgent, pour "complicité de faux et usage".

En effet, le magistrat lyonnais considère que l’"autorisation de prospection", antidatée du 15 dé­cembre 1994 pour permettre, selon la Drac, un remboursement de frais de mission à Jean-Marie Chauvet, a été produite en janvier 1995 par l’administration "sur ordre". Pour les spéléologues, surpris par le retentissement de "leur" découverte, le seul but de cette "lettre de mission" serait de les déposséder de tout droit sur l’exploitation de la grotte. Dans la même logique, le juge lyonnais Gilbert Emery pourrait procéder à d’autres mises en examen et aller jusqu’à celle de l’ancien ministre de la Culture, Jacques Toubon.

Mine d’or
Si l’État et ses agents ont commis des maladresses certaines, plusieurs constats s’imposent. D’abord, Jean-Marie Chauvet n’est pas qu’un spéléologue amateur mais aussi, et depuis des années, agent de l’administration puisque gardien des grottes ornées de l’Ardèche. Lui et ses deux amis auraient déjà gagné 500 000 francs de droits d’auteur pour un ouvrage et des clichés. En fait, dans ces deux affaires, la grotte apparaît comme une mine d’or que se disputent l’État et des personnes privées. Toutes ces péripéties juridiques retardent l’étude scien­tifique du site et sa protection, ainsi que le projet d’"espace de reconstitution" des élus locaux.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°33 du 1 février 1997, avec le titre suivant : L’affaire Chauvet

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