Patrimoine

La villa Zilveli à la croisée des chemins

Par Sindbad Hammache · lejournaldesarts.fr

Le 29 juin 2021 - 499 mots

PARIS

La DRAC doit intervenir pour autoriser ou non le démontage puis la reconstruction par son nouveau propriétaire Jean-Paul Goude.

État de la villa Zilveli au mois de juin 2021. © Marie Garet
État de la villa Zilveli au mois de juin 2021.
© Marie Garet

C’est l’un des derniers témoignages du modernisme dans Paris intra-muros, avec la maison de Tristan Tzara d’Adolf Loos et la maison Roche du Corbusier. Perchée sur la Butte Bergeyre dans le 19e arrondissement, la villa Zilveli de l’architecte viennois Jean Welz ne fait pourtant l’objet d’aucune protection, hormis une mention dans le plan local d’urbanisme parisien.

Frappée d’un arrêté de péril depuis 2006, renouvelé en 2019, la maison non entretenue est dans un état sanitaire très préoccupant. Elle devrait être démontée cet été, pour être reconstruite par son nouveau propriétaire selon les dessins originels de l’architecte. Mais cette solution ne satisfait pas universitaires et architectes du patrimoine spécialistes du modernisme, qui ont sollicité la DRAC Île-de-France pour étudier la possibilité d’une protection d’urgence.

Une visite sur place est programmée le 5 juillet, dans « les parties les moins dangereuses » précise la DRAC. « L’enjeu est d’aller sur place pour voir si la question de la protection Monument historique se pose, ou si le projet tel que présenté est de nature à répondre aux interrogations patrimoniales », explique Laurent Roturier, directeur de la DRAC Île-de-France.

Le propriétaire de la maison est l’illustrateur de mode Jean-Paul Goude, longtemps candidat à l’achat de la villa moderniste qui est voisine de son studio, il n’a pu acquérir la maison qu’en juin 2019. Il travaille alors à un projet de restauration, abandonné suite à un diagnostic sanitaire montrant un état de délabrement avancé. « En 2016-2017 on pouvait restaurer la maison, fait savoir l’architecte Thomas Billard, aujourd’hui elle se disloque complètement ». La demeure fragile n’a pas été entretenue par les héritiers Zilveli, qui ont longtemps repoussé sa vente.

La solution de détruire pour reconstruire une villa quasi-identique ne satisfait pas les défenseurs du patrimoine, qui veulent examiner toutes les possibilités de conservation de l’édifice originel. « Une destruction et reconstruction ne pourra jamais conserver ces aspects constructifs et sera forcément une interprétation », alerte l’architecte du patrimoine Claudia Devaux, spécialiste de la restauration du béton.

Le cinéaste britannique Peter Wyeth, très impliqué dans la préservation de la maison, explique qu’il « est très rare d’avoir une maison moderniste qui soit restée inchangée : c’est un vrai case study ». Il relève également que certaines parties du dessin originel ne seront pas reconduites dans la deuxième villa, comme un balcon en bois perché sur un support de 6 cm de large.

L’architecte Thomas Billard affirme de son côté avoir mené toutes les études nécessaires avant d’en arriver à cette solution, et rappelle que la démolition sera en fait une déconstruction qui documentera les matériaux et techniques constructives de la villa. « Ça va durer deux mois, ce sera long et fastidieux. On pourra comparer la maison aux plans d’exécution, ainsi que nous nous y sommes engagés auprès de la Ville de Paris et de la Commission du Vieux Paris. » Programmée durant l’été, cette déconstruction reste suspendue à la visite de la DRAC, ce 5 juillet.

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